Le Drame bourgeois

Le Drame bourgeois

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Dans la deuxième moitié du 18ème siècle naît le drame bourgeois. C’est de lui que le drame romantique sera pour partie tributaire.
Une esthétique où prédomine le goût du spectacle que l’opéra baroque avait mis en avant et que rebutait l’esthétique classique de la pureté.
Théâtre de théoriciens : Diderot, Beaumarchais, le drame bourgeois n’a pas produit de chefs-d’œuvre, pas plus que son avatar le mélodrame (de mélo : musique, chant, drame populaire larmoyant en partie chanté) mais il inaugure une ère nouvelle.
C’est avec l’avènement du drame romantique qu’apparaîtront les grandes réalisations.

La tragédie classique genre contesté

Elle ne représente l’action qu’à travers le discours puisque la représentation de toute violence est proscrite. Non seulement elle ne plaît plus mais elle est condamnable parce qu’immorale, en effet, les héros qu’elle met en scène ne sont pas responsables de leurs actes mais victimes d’un fatum. Elle comme seule ressort les passions.
Ces sujets sont puisés dans une antiquité révolue de héros et de dieux qui ne concernent pas l’honnête homme du siècle.
Elle n’est plus susceptible de toucher le spectateur du 18ème siècle, avide d’émotion et de ce qui lui parle directement de lui et de son temps.
Le drame bourgeois doit abolir la distance instaurée par la tragédie entre le spectateur et le personnage : « Plus l’homme qui pâtit est d’un état qui se rapproche du mien, et plus son malheur a de prise sur mon âme », (Essai sur le genre dramatique sérieux, Beaumarchais).
La tragédie voltairienne puis le drame bourgeois achèveront la tragédie classique, à laquelle, au 19ème siècle, un Casimir Delavigne tentera vainement de donner une deuxième vie.

Mais la comédie classique est tout autant remise en cause. On lui reproche à elle aussi l’irréalisme de ses procédés, grossissement et stylisation qui choquent désormais.
Le rire franc est incompatible avec ce que l’on réclame d’émotion aux nouvelles formes de spectacle.
La comédie se transforme, elle prête moins à rire qu’à sourire, elle infléchit le comique vers le spirituel.

Le Drame

Le drame bourgeois répond au goût nouveau d’un siècle qui délaisse la tragédie et ne prise plus le gros rire. La « comédie larmoyante », créée par Nivelle de la Chaussée, dés 1735, lui a préparé la voie, en exprimant déjà ce qui sera son double but : émouvoir le spectateur et satisfaire ses exigences morales.
Dans la préface de le l’Enfant prodigue, en 1738, Voltaire fait part de son désir de créer « un genre mixte » dans lequel on puisse voir « un mélange de sérieux et de plaisanterie, de comique et de touchant. C’est ainsi que la vie des hommes est bigarrée ; souvent même une seule aventure produit tous ces contrastes. Rien n’est si commun qu’une maison dans laquelle un père gronde, une fille occupée de sa passion pleure, le fils se moque des deux, et quelques parents prennent différemment part à la scène. On raille très souvent dans une chambre ce qui attendrit dans la chambre voisine, et la même personne a quelquefois ri et pleuré de la même chose dans le même quart d’heure. »
Avec le drame se réalise le rêve voltairien. Le théâtre veut désormais saisir la vie dans le foisonnement de ses contradictions, plutôt que de présenter la nature humaine falsifiée par une stylisation, grandeur tragique ou caricature burlesque.

Le drame bourgeois tient à la fois de la comédie et de la tragédie, il ne mélange pas pour autant les genres, mais il leur emprunte de multiples modalités de ton. Diderot fait remarquer combien il serait incohérent de mêler, dans une même composition, des nuances du genre comique et du genre tragique. « Connaissez bien la pente de vos sujets et de vos caractères, conseille-t-il aux auteurs et suivez-la… »
Comme l’Encyclopédie qui prétend rendre compte de tous les domaines de l’activité humaine, le drame veut explorer les multiples registres de l’affectivité.
Le mélodrame offre, plus encore que son prédécesseur le drame bourgeois, « ce spectacle de la vertu persécutée », puis triomphante, dont rêvait Beaumarchais.
Très influencé par la mode du roman noir, appelé aussi « roman frénétique », notamment par les œuvres de Radcliffe et de Lewis, le mélodrame joue en permanence sur le pathétique. Pour accroître l’émotion, il utilise des décors propres à créer une atmosphère inquiétante : châteaux forts, ruines, sombres forêts, que le théâtre romantique lui empruntera. Son sens premier est « drame chanté » : alternance de dialogue et de musique. Ce sens premier est oublié, le mélodrame est surtout l’art de créer des moments d’émotion paroxystiques.
L’héroïne vertueuse et pure – son protecteur tout aussi vertueux – un jeune homme l’aimant d’amour pur – Un traître odieux aidé par une troupe d’auxiliaires.
Trois actes : Acte 1) : la naissance de l’amour entre les deux jeunes-gens. Acte 2) : l’intervention du traître, porteur de malheur. Acte 3) : dénouement, les méchants sont punis ou se repentent.




 

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