Poésie au XVIème siècle

Poésie au XVIème siècle

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En France, la poésie existe bien avant le seizième siècle. La nouveauté consiste en une prise de conscience de ce qu'est la création poétique et des problèmes qu'elle pose. Il y aura donc tentative de théoriser la poésie.

Les étapes de cette prise de conscience :

Les Anciens, puis les Italiens, que l'on découvre ;

1549 : Du Bellay, Défense et illustration de la langue française ;

1555 : Peletier du Mans

1565 : Ronsard, Abrégé de l'art poétique.

Dignité de la poésie et du poète.

Moins considéré que le militaire, le ministre... le poète va pouvoir dire sa grandeur.

Mécénat : reconnaissance d'une situation sociale.

Mais le poète vise plus haut : il dit que la poésie n'est pas d'ordre humain, et il le dit avec une telle force qu'il faut le croire. La mentalité du 16ème siècle est différente de la nôtre, et imprégnée de platonisme. Cf. L'Ode à Michel de L'Hospital : doctrine cent fois reprise de l'aimant : Dieu attire les Muses, qui attirent le poète, qui attire le public vers le Beau... Par l'enthousiasme, Dieu pénètre en vous, vous possède. C'est la Fureur poétique. Si le Roi est d'ordre divin par son sacre, le poète est immédiatement au-dessous de lui. Ils se prennent donc très au sérieux...

Au XVIIème siècle, il ne restera de cela que la notion d'inspiration. Et ces recherches ne seront reprises qu'au XIXème siècle.

Les Pouvoirs de la poésie : "me tourner çà et là à son gré"

Dans le Brutus de Cicéron, la parole de l'orateur est toute-puissante. Au 16ème siècle, la poésie devient la forme la plus puissante de la parole. Dans les deux cas, il s'agit d'une parole orale. Ce pouvoir quasi magique n'est pas à prendre du seul point de vue métaphorique : son efficacité est tout à fait réelle.

Le plus grand mythe du 16ème siècle est celui d'Orphée, poète qui dompte les bêtes, attire les pierres pour construire les villes... Mythe repris par Virgile. Ce personnage est très fréquent dans les fêtes, les défilés, qui présentent souvent des personnages déguisés. Le XVIème siècle vit au milieu des mythes, que l'on comprenait fort bien : sculptures, bals costumés, figures de ballet...

Il faut opposer cette conception de la poésie à celle de Malherbe : "le poète, c'est le bon joueur de quilles".

L'Imitation au XVIème siècle.

Au XVIème siècle, un humaniste est quelqu'un qui traduit et étudie les Humanités, les langues profanes (latin et grec : litterae humaniores) : il existe beaucoup de dictionnaires, de grammaires, de traductions commentées.

Cette "imitation" a pour but l'enrichissement du français. Quand Rabelais propose un texte sérieux en français, il écrit en traduisant du latin. Au XVIème s. le français n'a d'autre valeur que comme langue fonctionnelle ; la langue des idées est le latin (en Sorbonne, les thèses seront écrites et soutenues en latin jusqu'au XXème siècle). Chez Montaigne, les citations constituent le véritable noyau du texte.

Comment rendre la langue française efficace ? Traduire, c'est faire un pastiche de latin ou de grec. L'art poétique est presque secondaire par rapport à la défense de la langue française.

L'innutrition sera la méthode : digérant le grec, les Romains ont fait de leur langue l'égale du grec : il faut en faire autant. L'imitation c'est l'art de la greffe.

En réalité, c'est au 18ème siècle seulement que le français sera reconnu l'égal du latin, par Rivarol. Jusque là, la querelle des Anciens et des modernes continue. Enfin, il faudra attendre le 19ème siècle pour que les Romantiques se détournent de l'imitation : le français aura alors conquis ses titres de noblesse.

Poètes et poèmes.

L'imitation des odes (antiques) et des sonnets (italiens) propose des formes fixes. Il existe une légère différence entre Du Bellay et Ronsard ; en 1565, ce dernier ne parle plus des formes fixes ; au cours de sa carrière, il conquiert sa liberté et abandonne les genres. Cela constitue un bref moment du 16ème siècle.

Mais le point sur lequel ils n'ont pas varié, c'est que la poésie est avant tout une question de langage et de rythme. C'est un langage distinct des autres, non seulement par le vocabulaire, mais surtout la disposition des mots. Or l'importance des rimes (qui n'existent guère au Moyen-Âge) et des formes renvoie aux ancêtres de la Pléiade : les Grands Rhétoriqueurs, Jean Marot (père de Clément), ou Jean Lemaire de Belges. Ils ont eu une importance considérable sur la Pléiade, par leur travail sur les rimes, notamment équivoquées (portant sur un grand nombre de syllabes : ex : "tombereaux... tomber eaux"), ainsi que, plus tard, sur Apollinaire, Max Jacob (Le Cornet à dés) et les Surréalistes. Ils importent aussi par leurs recherches sur les mots, et les puissances du langage.


Source: http://pagesperso-orange.fr/philo-lettres/poesie_16s.htm




 

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