Le mouvement réaliste

Le mouvement réaliste

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Ce mouvement né vers la fin des années 1840 et dure jusqu’en 1865-1870. C’est un nouveau mouvement romanesque. C’est avant tout une rupture avec la technique balzacienne mais elle reste tout de même un héritage parce que le roman balzacien est un roman réaliste qui garde une part d’imagination car il lui suffisait de penser le monde pour qu’il existe. Les réalistes reprennent la réalité mais ils rejettent totalement l’imagination parce qu’elle est considérée comme contraire à la réalité. Ce que rejettent en fait les réalistes, c’est la part de l’idéal.

Le réalisme apparaît donc comme une crise de l’imagination parce qu’il y a une réelle méfiance par rapport à l’invention et les réalistes préfèrent le retour à des choses que l’on voit tous les jours et qu’ils décrivent réellement telles qu’elles sont. Le réalisme est donc un mouvement profond de la conscience et surtout au niveau des sciences car dès 1850, le monde va être étudié métaphysiquement.

Cette nouvelle conscience va permettre une rupture avec l’idée même de réalité car il n’y a plus de théorie abstraite. Mais même si les réalistes rompent avec la littérature qui les a précédés, ils sont conscients de l’énorme héritage qu’elle leur a apporté. Champfleury par exemple, avait été un des secrétaires de Balzac et il se met à écrire du réalisme, en 1857.

On ne peut pas classer les auteurs dans une réelle école et on ne peut pas dire que le réalisme est une école. Il est en effet un mouvement très dur à cerner. En fait, on pourrait dire que réalisme est une école intermédiaire, ce dont les auteurs ont conscience. Mais c’est une étiquette un peu facile pour qualifier leur style d’écriture mais il vrai que le réalisme ne représente qu’une petite période du romantisme. Mais ce qui est sure c’est que le romantisme et son imagination sont définitivement rejeté, ainsi que l’engagement de l’artiste dans la vie politique. Mais on peut tout de même distinguer deux groupes représentant deux tendances :

* Les réalistes militants, c’est eux qui fondent la nouvelle école. Ces militants sont représentés par trois chefs de file : Murger, Duranty et Champfleury. C’est eux avant tout qui prônent la naissance d’une nouvelle école. Ils viennent de la petite bourgeoisie de Province.

* Les réalistes esthètes : ils n’ont jamais été affiliés à l’école réaliste, ils sont raffinés et leur style est complexe. Ils viennent d’un milieu aisé et n’écrivent pas pour vivre. Leurs principaux représentants sont Flaubert et les Goncourt.

Les relations entre ces deux groupes ne sont pas excellentes, surtout sur la question du style.
Madame Bovary sera la bible des réalistes esthètes mais Duranty va l’éreinter en disant que c’est un livre de nature romanesque stylisée. Il est vrai que Flaubert est un romantique dans l’âme et il retrouve l’imagination par la voix du style.

Tout le mouvement réaliste est formé autour du peintre réaliste par excellence Courbet qui peint l’humble réalité. Il rejette toutes les conventions de la peinture comme il rejette les peintures idéalistes, historiques et religieuses. Il peint des paysans, et non pas le paysan mais un paysan. Il cherche à saisir un individu qui ne transcende pas son individualité et qui suffit à faire l’intérêt du tableau.

Il crée donc l’universalisation du sujet, et c’est en cela que réside toute la rupture avec le style balzacien. Mais ce nouveau style crée un véritable scandale. Mais les réalistes se battent pour faire accepter le fait qu’un individu soit plus qu’un être.

Murger, Duranty et Champfleury ne parlent que de ce qu’ils connaissent et leurs romans sont souvent des transpositions à peine déguisées de leur vie. Ils copient le monde et le transcrivent tel qu’ils le voient. Les Goncourt par exemple dans Germinie Lacerteux racontent l’histoire de leur vieille bonne, et cette histoire a une répercussion réelle.

Murger lui cherche la rupture avec le monde bourgeois tout en racontant également une histoire réelle, celle d’un artiste qui n’a plus du tout d’argent. Mais dans Scènes de la vie de Bohème, Murger glisse beaucoup d’allusions comiques, ce qui est la preuve de son désir de rupture. Champfleury lui raconte dans ses romans sa vie en province, à Lans, dans Les Bourgeois de Molinchart, en 1855.

C’est une transposition de son enfance tellement transparente qu’il a été proscrit de cette province. Et Duranty, lui, est à la pointe de la lutte pour le réalisme. Il a fait peu de roman mais deux restent cependant très célèbres : Le Malheur d’Henriette Gérard, qui raconte sa vie en province et La Cause du Beau Guillaume. Le mot qui qualifie le mieux tous ces romans est : honnêteté.

Ils ont tous un véritable souci de transparence sans manipulation aucune. Leur art est à la fois troublant et émouvant.

Une fois que le romantisme est enfin accepter par la société du XIXè siècle, tous ces auteurs viennent détruire les institutions du romantisme et le jettent aux oubliettes. Ceci est déclenché par l’exposition de Courbet en 1855 car son catalogue est ouvert par un texte qui est en fait un pamphlet théorique sur le réalisme.
C’est une crise du roman qui donne un nouveau souffle à l’écriture romanesque, qui a été presque étouffée par Balzac. Le réalisme est avant tout une exaltation de la réalité, du peuple, du visible, d’un lieu immédiat et sensible entre l’homme et l’univers, et il s’adresse à un nouveau public vraiment démocratique. Les bourgeois cependant rejettent le romantisme, tout comme l’Académie française et le pouvoir même va finir par s’en inquiéter, ce qui est démontré en 1857 avec le procès de Madame Bovary.




 

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