OVIDE: Biographie et analyses des oeuvres

Ovide: son oeuvre...

article

Les mythes, tels ceux d’Europe, de Narcisse ou d’Arachné inspirèrent à Ovide ses Métamorphoses. Cette oeuvre (une des plus significatives de la littérature de la Rome antique ) comprend, sur plus de 12000 vers, le récit de deux cent quarante-six fables sur les métamorphoses relatives à la transformation de dieux ou de héros en bêtes, plantes ou rochers, disposées chronologiquement depuis le Chaos jusqu'à la métamorphose de Jules César en étoile. Aux frontières de l’élégie, de l’idylle, de l’épopée, de la tragédie, ces récits de la mythologie sont choisis parmi le riche répertoire de la tradition grecque et les fables romaines.
Ovide dans cette oeuvre magistrale a fait choix d’une poésie savante relevant du récit étiologique : il combine de façon complexe sources et variantes érudites. C’est un aspect d’un grand courant esthétique du monde gréco-romain, si fécond dans l’histoire des arts, l’alexandrinisme : plaisir de l’érudition, des périphrases savantes, des belles formes, de la mise en tableau, goût très vif de l’ingéniosité, mais aussi de la dissonance légère. Par là aussi, cette oeuvre est un " grand modèle ", avec ses résurgences dans l’oeuvre de Ronsard, de Chénier, des Parnassiens.
Le grand succès des Métamorphoses dans la poésie baroque et mondaine du XVIIème siècle en particulier, a tenu aux touches légères de badinage mises par Ovide, aux dissonances diverses qui affectent l’épopée et le poème cosmologique ; la légèreté de son vers aussi le distingue entre tous les poètes latins. Il a servi de modèle pour toute une lignée de poètes, de Marot, qui a traduit d’ailleurs les livres I-III des Métamorphoses, à La Fontaine
«Tout change, rien ne périt; le souffle vital circule, il va de-ci de-là et il prend possession à son gré des créatures les plus différentes; du corps des bêtes il passe dans celui des hommes, du nôtre dans celui des bêtes; mais il ne meurt jamais.» Ainsi Ovide présente-t-il ses Métamorphoses. Ce pourrait être aussi une définition de l’art baroque, qui puisa dans ce chef-d’oeuvre son inspiration accordée à son goût des volutes, à l’exubérance de ses mouvements, à la pure sensualité de ses formes, à son génie du déséquilibre.
Dans Les Métamorphoses, Ovide réédite l'"utopie" d'Hésiode , de la "Race d'or", société sans contraintes, sans armes, vouée à l'économie de la cueillette et vivant dans un printemps éternel: "Alors coulaient des fleuves de lait, des fleuves de nectar, et le miel fauve, goutte à goutte sortait de l'yeuse verdoyante".

Livres X, XI, XII des Métamorphoses

Lire les Métamorphoses signifie entrer dans le tissu génétique des mythes fondateurs de la Méditerranée préexistant à Rome et à l’Empire (au-delà d’Homère, d’Hésiode, de Lucrèce et d’Ennius, Ovide réélabore des sources qu’il a lui-même recueillies en Grèce). Les merveilles (mirabilia) du monde sont racontées dans les douze premiers livres, et constituent les formes et les corps transitoires de la doctrine des quatre éléments. Elles illustrent une vision de l’histoire réglée par les mutations, les échanges et les réincarnations. L’histoire de Rome elle-même, à laquelle, pour la première fois dans la tradition épique latine, Ovide réserve une partie très limitée de son œuvre, devient l’effet de cette doctrine qui la remet en perspective comme élément d’un cosmos en évolution. Rome est « caput mundi » parce qu’elle est une réincarnation extrême de l’anima mundi. Un double impératif éthique la domine : non-violence et amour (Pythagore en personne l’explique à Numa dans le livre XV).
Lire les Métamorphoses est un choix nécessaire, aujourd’hui surtout, au moment où le sentiment de mutation générale et d’inquiétude, qui habitait pour la première fois l’homme d’Ovide, imprègne notre monde comme jamais encore, et de façon globale.
Au Livre X apparaît la figure d’Orphée, époux d’Eurydice mais aussi et surtout conteur, chantre et enchanteur : figure originelle du poète inspiré, reprise à toutes les époques dans la poésie lyrique et par l’opéra. Orphée conteur ajoute à la palette très riche de toutes les amours évoquées par Ovide.
Orphée descend aux Enfers. Eurydice lui est rendue et reprise par le dieu des morts. Métamorphoses d'Atys, en pin; de Cyparissus, en cyprès; d'Hyacinthe, en fleur; des Cérastes, en taureaux; des Propétides, en rochers. La statue de Pygmalion animée. Atalante et Hippomène changés en lions; Adonis, en anémone; Mentha, en menthe.
Le Livre XI fait succéder au récit d’Orphée plusieurs histoires d’amours interdites, sources inépuisables de romanesque pour le théâtre et pour les conteurs ; cependant, Ovide n’est pas un conteur innocent. Ses récits, ses audaces romanesques doivent être replacés dans un contexte où l’on verra se tisser des liens entre politique, littérature et religion sous le principat d’Auguste.
Orphée est déchiré par les Bacchantes. Changement d'un serpent en pierre; des Ménades en arbres. Midas change tout en or. Il reçoit des oreilles d'âne. Neptune et Apollon bâtissent les murs de Troie. Thétis épouse de Pélée. Parjure de Laomédon. Hésione délivrée épouse Télamon. Métamorphoses de Dédalion en épervier, et d'un loup en rocher. Céyx et Alcyone. Palais du Sommeil. Esaque changé en plongeon.
À travers les Livres X et XI, un cheminement imprévisible plein de surprises et des dispositifs énonciatifs raffinés conduisent à la réécriture de l’épopée homérique au Livre XII : la matière épique devient matière à métamorphose. Ovide cependant ne renonce pas à raconter, par exemple le choc des Centaures et des Lapithes qui a donné lieu dans le monde grec à d’admirables reliefs sculptés.
Un serpent qui dévore les oiseaux annonce la longueur de la guerre de Troie; il est changé en rocher. Une biche est immolée au lieu d'Iphigénie. Cycnus, tué par Achille, est changé en cygne. Métamorphoses de Cénée et de Périclymène en oiseaux. Nestor dit le combat des Lapithes et des Centaures. Il raconte aussi les changements de forme de Périclymène. Mort d'Achille.

Les Héroïdes
Il en commença la rédaction très tôt (vers 18-19 ans). Ce sont des lettres en vers de femmes dont les maris ou les amants étaient absents. En tout c’est une quinzaine de Lettres qui auront une longue postérité. Les thèmes sont empruntés à divers cycles mythologiques et rappellent les grandes oeuvres de la littérature antique. Ainsi Médée, Phèdre, Laodamie, Briséis, Déjanire, Didon, Ariane, Hermione, Hypermestre, écrivent à leur "douce moitié". Autant d’héroïnes empruntées aux cycles troyen, hellénique, latin et tragique grec. Ovide s’adressait à un public fort cultivé qui se réjouissait de suivre l’auteur au travers du dédale mythologique…
Signalons ici la tragédie de Médée écrite par Ovide et que nous avons malheureusement perdu (voir aussi la Médée de Sénèque)
On a souvent souligné le caractère très "contemporain" des sentiments exprimés dans les Héroïdes en comparaison de l’ "antiquité" des personnages et des situations. C’est peut-être d’ailleurs ce qui explique le succès de cette oeuvre.
Ovide nous fournit aussi un certain nombre de réponses des bien-aimés. L’influence de la tragédie y est encore plus sensible mais elles sont moins émouvantes (certains ont d’ailleurs mis en doute leur authenticité).

Les Amores
Ovide décrit des thèmes comme l’attente devant une porte fermée, la maladie de la femme aimée, l’amitié, la jalousie, la joie du premiertriomphe…bref, tout le recueil est inspiré par l’amour.
Les Amores furent d’abord édités en 5 livres puis en 3 livres seulement . Ovide avait remanié l’oeuvre pour y supprimer un certain nombre de pièces qu’il ne jugeait pas satisfaisantes. Corinne est le nom qui domine l’oeuvre, on ne sait si elle exista vraiment, mais elle semble plutôt être le résulta d’une sorte de "mélanges" des femmes que connaissait, désirait ou aimait Ovide. Donc les Amores ne sont pas le reflet d’un amour vécu, c’est un recueil à la gloire de l’amour et de la femme aimée. L’amour est une sorte de combat, de militia. On peut en inférer qu’il vaut mieux faire l’amour que la guerre, voilà une nouvelle que n’allait pas ravir les puissants (Ovide allait bientôt s’en rendre compte).
Ovide nous dit que c’est Cupidon qui est venu l’inciter à travailler sur une telle oeuvre.

L’Ars amatoria (prendre ars dans le sens de manuel, traité)
Entreprise d’Ovide pour enseigner le jeu qu’est l’amour. Il fait le dénombrement des techniques de séductions. Il faut se montrer aimable et généreux, louer les défauts de la femme aimée, ne pas paniquer quand apparaît un rival, cacher ses infidélités…
On reprocha bientôt à Ovide de n’avoir pensé qu’aux hommes et de n’avoir pas conseillé les femmes. Pour répondre à ce reproche, Ovide publia le De medicamine faciei femineae.

De medicamine faciei femineae
Ovide enseigne aux femmes comment prendre soin d’elle-même, donne les recettes de produits de beautés. Il compare aussi la coquetterie de son temps avec celle de jadis.
Bientôt on reprocha à Ovide de n’écrire que sur des sujets licencieux, on disait alors qu’aucun de ses livres ne pouvait être mis entre les mains d’une femme honnête. Ce fut la raison, à en croire le poète lui-même, qui le poussa à écrire les Remèdes à l’amour.

Remedia amoris
Ovide prend le contre-pied de ses ouvrages précédents et explique aux jeunes hommes comme aux jeunes femmes comment éviter les méfaits de l’amour, comment éradiquer la passion…à part la magie tous les moyens sont bons dit-il.
Mais la veine érotique s’essouffle, Ovide allait trouver un nouveau genre.
Les Fastes
Ce devait être un commentaire poétique du calendrier religieux romain, elles ne furent pas achevées.
En effet, une dizaine d’années après la publication de l’Art d’aimer, Auguste semble découvrir que ce poème est profondément immoral et décide d’exiler le poète. Ce prétexte semble cacher un motif sur lequel les débats sont vifs, il semble que ce soit politique ou religieux (Ovide dira qu’il a vu quelque chose qu’il ne devait pas voir, mais il ne dit jamais ce que c’était, peut-être dans l’espoir de pouvoir rentrer un jour ?)






 

Précédent

Retourner vers Auteurs N - Z

cron