L'écriture se déploie ainsi selon deux principes. Une première forme, philosophique et démonstrative, s'inscrit dans la tradition discursive du XVIII didactique et raisonneur. L'extrait que nous avons choisi appartient à cette veine. L'autre forme, plus romanesque, s'inspire des procédés picaresques du conte et du roman d'éducation.
Le thème récurrent jusqu'au ressassement de l'orgie sexuelle et de la violence atteint des sommets rarement égalés dans les Cent Vingt Journées de Sodome, (1785) et Justine ou les Malheurs de la Vertu (1797) qui développe le récit des infortunes d'une jeune fille vertueuse, tandis que son double noir, sa sœur Juliette, prospère selon les principes sadiens du naturalisme pervers.
Les surréalistes ont été fascinés par cette libération totale du langage, non seulement dans le choix des thèmes, mais encore dans la fonction même de la relation que nouent l'écrivain et le lecteur. Loin de chercher une complicité édifiante, comme on a pu encore le voir chez Laclos, Sade défie le lecteur et l'entraîne dans une acceptation maligne de ce qui lui est montré. D'où l'impossibilité d'une courtoise neutralité à la lecture de ses écrits, et la condamnation quasi totale dont il a fait l'objet.
Source: M F