ZOLA Émile: Biographie, études et analyses des oeuvres

ZOLA Émile

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Le projet de Zola
S’inscrit au départ dans le prolongement de ses prédécesseurs. Pour lui, la vie impose l’« âpre besoin du réel ». Mais il veut par l’écriture préserver les « espérances du rêve » : ce qu’il fait dans La Confession de Claude en 1865. On retrouve donc à l’origine de l’écriture de Zola cette volonté de sublimer le réel que l’on trouvait chez Balzac. Puis il rompt avec cette tendance.

Il entend d’ailleurs rivaliser avec Balzac - il nourrit même le secret espoir de le détrôner - en réalisant le pendant de La Comédie humaine et en brossant le tableau de la société humaine : cf le sous-titre « Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire ». La clef de voûte de cette ensemble, le fil directeur, en sera l’hérédité.

Il entend ainsi conférer à son œuvre la profondeur tragique, l’hérédité se substituant à la fatalité tragique des œuvres antiques. Et la thématique fondamentale est lancée par son premier grand roman, Thérèse Raquin : avant la lettre, et avant que la terminologie n’existe, Zola voit déjà cette œuvre comme naturaliste. Elle fait scandale et inaugure l’épopée du sexe que l’on verra dans le cycle des Rougon-Macquart. En 1868, Zola écrit aux Goncourt : « Les caractères de nos personnages sont déterminés par les organes génitaux. C’est du Darwin ! La littérature, c’est ça ! »


Le cycle des Rougon Macquart
La naissance du cycle
Dès 1868, le plan d’ensemble du cycle des Rougon est prêt. Le cycle débute donc vraiment avec la Fortune des Rougon, publié en 1870, il se poursuit au rythme d’un roman par an sur une vingtaine d’années pour se clore sur le Docteur Pascal 1893. Avec la Fortune des Rougon Zola se donne pour projet de montrer les ravages causés dans la descendance par la névrose d’Adélaïde, mariée d’abord à Rougon, puis amante de Macquart, ivrogne. Il entend par suite, à travers cinq générations, suivre « le secret travail qui donne aux enfants d’un même père des passions et des caractères différents à la suite des croisements et des façons particulières de vivre ». En 1878, Zola livre à ses lecteurs l’arbre généalogique des Rougon et des Macquart dans Une Page d’amour.

Quelques romans clefs
Certains romans du cycle, tout particulièrement, ont fait date.

L’Assommoir, en 1877 Zola y peint « la déchéance fatale d’une famille ouvrière, dans le milieu empesté de nos faubourgs ». Zola veut y voir « le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple ». C’est à la fois la tragédie de Gervaise et de Coupeau, rattrapés l’un et l’autre par l’alcoolisme, que retrace Zola ; il y condamne ainsi du même coup la société qui sécrète l’alcoolisme. C’est aussi une œuvre novatrice où l’auteur se prévaut d’avoir eu « la curiosité littéraire de ramasser et de couler dans un moule très travaillé la langue du peuple ». Derrière Zola s’engageront sur la même voie Céline, Queneau.

Nana 1880

Germinal 1885 Avec Germinal, épopée de la mine, Zola s’impose comme le peintre des foules en mouvement. Il y fait le portrait de l’âme collective


Les prétentions scientifiques
Le parrainage intellectuel scientifique, de Zola est triple :

les théories déterministes de Darwin, que Zola découvre essentiellement à la lumière des théories de Taine. Il croit à l’existence de lois en psychologie comme en physique. Il crée donc des personnages qui sont des bonshommes physiologiques évoluant sous l’influence des milieux.

Les travaux de Claude Bernard : Introduction à la médecine expérimentale 1865. C’est pour Zola un ouvrage de référence et il fait appel constamment à ses idées. Claude Bernard affirmait que la méthode scientifique rigoureuse appliquée aux corps bruts devait l’être au corps vivant ; par analogie, Zola affirme que cette méthode doit être appliquée « à la vie passionnelle et intellectuelle ». Zola se démarque ainsi de ses prédécesseurs qui ont insisté sur l’importance de l’observation. A l’observation, il ajoute la nécessité de l’expérimentation. Il lui faut donc créer des situations qui permettent de mesurer la modification des rapports de cause à effet en fonction de la variation des données. Zola dit ainsi qu’il lui faut « faire mouvoir les personnages dans une histoire particulière pour y montrer que la succession des faits y sera telle que l’exige le déterminisme des phénomènes mis à l’étude ». Pour ce faire il faut « prendre les faits dans la nature, puis étudier le mécanisme des faits en agissant sur eux par les modifications des circonstances et des milieux, sans jamais s’écarter des lois de la nature ». Une telle théorie suppose une conception matérialiste et mécanistique du monde moral, qui dépasse ce que les scientifiques ont jamais affirmé.

L’ouvrage du Dr Lucas Traité de l’hérédité naturelle 1850, très controversé. Zola veut montrer dans les Rougon la cascade de conséquences de l’aliénation mentale d’une certaine Tande Dide.

Ces théories extrapolées à l’outrance par Zola trouvent leur justification dans le scientisme ambiant et leur absolution dans le génie de Zola, son goût romantique, ses emportements humanistes. Au-delà de l’absolue vérité et de la déduction mathématique, il définit le roman comme un coin de la Création, vu à travers un tempérament.


Source: http://www.lettres.ac-versailles.fr/spip.php?article800

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