MONTESQUIEU Charles de: Biographie et analyses des oeuvres

MONTESQUIEU Charles de

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L’unité de l’œuvre

Les Lettres Persanes (1721)
Cette première œuvre connut un grand succès. Il s’agit d’un roman épistolaire et exotique. Deux Persans, Rica et Usbek, visitant l’Europe, échangent des lettres entre eux et avec d’autres personnages restés en Perse. L’intrigue de base du roman repose sur les évènements qui se déroulent au sérail d’Usbek pendant son absence. Les femmes du sérail, confiées à la garde des eunuques, se révoltent ; la favorite, Roxane, trompe Usbek, puis se suicide, après lui avoir adressé une lettre où elle proteste violemment contre sa tyrannie.
Mais l’intérêt de cette œuvre réside surtout dans l’image que donnent les Persans des moeurs européennes, notamment de la France à la fin du règne de Louis XIV et au début de la Régence. Montesquieu prête à ces étrangers un regard naïf et des commentaires dans lesquels leur étonnement fait apparaître l’absurdité des usages décrits, mieux que ne le ferait une critique directe. Certaines lettres sont consacrées à la description des mœurs, d’autres contiennent une critique assez vive des institutions politiques et religieuses. Les dernières lettres, enfin, abordent de manière théorique des questions sociologiques comme la démographie, l’économie ou la littérature.

Les Considérations sur les causes de la grandeur des romains et de leur décadence (1734)
Montesquieu y décrit les différentes périodes de l’histoire romaine et analyse la décadence que constitue le passage de la République à l’Empire. Son idée fondamentale est que cette évolution n’est pas due au hasard, mais à un enchaînement nécessaire de causes et d’effets. La conquête de territoires a conduit les Romains à changer de mode de gouvernement.

De l’Esprit des Lois (1748)
Il s’agit d’une vaste synthèse de la pensée de Montesquieu, élaborée à partir de l’observation des lois et des mœurs de son époque. Son projet est d’expliquer les causes de l’adoption par chaque pays des institutions qui le régissent. Les lois sont pour Montesquieu le produit de plusieurs types de causes : physiques (la nature du terrain et du climat), morales (la mentalité des peuples), sociales (données commerciales, démographiques et religieuses). Les lois sont en rapport direct avec la nature du gouvernement, chaque régime s’appuyant sur un principe différent : la crainte (gouvernement despotique), la vertu (démocratie) ou l’honneur (monarchie).
Le point de vue de Montesquieu est donc déterministe puisqu’il pense que les lois sont explicables par un enchaînement de causes et d’effets.


Les opinions de Montesquieu.

- politiques : Il est opposé à la tyrannie et la monarchie absolue, critiquée dans les Lettres Persanes, en est une forme. La démocratie ne peut être maintenue que par la vertu. Il la trouve chez les anciens romains et l’imagine chez le peuple mythique des Troglodytes. Mais le meilleur gouvernement est pour lui une monarchie dans laquelle des corps intermédiaires s’interposent entre le souverain et le peuple : c’est le rôle de la noblesse. La liberté est alors garantie par la séparation des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires. Il en est ainsi dans le régime parlementaire anglais qu’admire Montesquieu.

- sociales : Il s’élève contre les institutions qui s’opposent au bonheur des hommes, et sont donc contre-nature : la torture, le massacre par les colonisateurs des peuples d’Amérique, l’esclavage. La critique prend alors le ton d’une ironie amère.

- religieuses : Critique rationaliste des mystères chrétiens dans les Lettres Persanes, critique de l’absence de charité du clergé dans Mes Pensées, critique de l’intolérance et des crimes de l’Inquisition dans De l’Esprit des Lois. Cependant Montesquieu est déiste ; il croit en un Dieu en dehors des religions institutionnalisées et veut croire à l’immortalité de l’âme. Il attribue également à la religion une utilité sociale : c’est en effet une autorité morale, qui pousse les hommes à exercer « tous les devoirs de la charité et de l’humanité. ».





 

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