MAUPASSANT Guy de: Biographie et analyses des oeuvres

MAUPASSANT Guy de

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La vision scientifique et morale du Naturalisme à la Zola est impossible à trouver chez Maupassant pour qui l’explication est ailleurs que dans la volonté de représenter l’hérédité naturaliste, une hérédité viciée. Chez Maupassant, Bel Ami est une réécriture de Balzac, Une Vie une réécriture de Madame Bovary de Flaubert ! Sa tonalité pessimiste, sa référence à une vision déterministe ne le font pas pour autant appartenir au naturalisme.
Le roman Pierre et Jean ne montre pas non plus l’hérédité viciée des naturalistes, dans ce roman, Maupassant pose la question du bâtard, thème littéraire traditionnel car l’enfant illégitime est une véritable question de société depuis qu’en 1816, le divorce n’est plus autorisé. L’enfant adultérin devient alors au XIXe siècle un "maudit", au même titre que les autres parias que vont institutionnaliser les Romantiques : la femme, les enfants martyrs ou les animaux !

Quelques oeuvres

Une vie :
Une vie retrace l’existence de Jeanne Le Perthuis des Vauds, fille unique de hobereaux normands. L’œuvre, dont l’action se déroule sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, suit l’itinéraire sentimental de l’héroïne depuis sa sortie du couvent jusqu’à l’âge mûr. Ayant épousé Julien de Lamarre, séducteur brutal, Jeanne ira de désillusions en désillusions : elle découvrira les infidélités de son mari, la faiblesse de ses parents, un secret familial qui la mèneront au bord du suicide ; elle connaîtra la jalousie, le désespoir de l’épouse bafouée, le veuvage et l’ingratitude de son fils unique Paul, qui la délaissera au moment où elle en aura le plus besoin.
À 17 ans, Jeanne quitte le couvent de Rouen où elle vit cloîtrée depuis l’âge de 12 ans. Son père, le baron Le Perthuis des Vauds, possède une propriété sur la côte normande (les Peuples) où Jeanne a passé son enfance.
Elle retrouve ce lieu avec plaisir et, en rêvant du prince charmant, fait la rencontre du vicomte Julien de Lamarre. Croyant trouver aussi vite celui qu'elle attendait, elle croit en tomber amoureuse, et le mariage se fait rapidement, après l'accord du père. La nuit de noces nous fait découvrir Julien sous un autre aspect que celui d'un vicomte aux belles manières pour nous apparaître sous celui d’un homme à la sexualité brutale. Ils partent en Corse pour leur voyage de noces où Jeanne ressentira alors pour Julien l'amour qu'elle ne trouvait pas, et qu'elle ne trouvera plus. Au retour, le vicomte de Lamarre apparaît vite comme avare, et prend la tête de la famille qui l'accueille.
Avec le temps qui passe, Jeanne accepte sa nouvelle vie monotone, et subit son mari, qui la laisse dormir de plus en plus souvent seule. Les absences de ses parents renforcent sa solitude. Sa domestique et ancienne sœur de lait, Rosalie, accouche. Furieux, Julien souhaite la chasser de la maison, mais Jeanne s'y oppose fermement. Le baron décide de lui trouver un mari et de lui offrir une ferme où ils pourront s'installer. Cela énerve particulièrement le vicomte qui voit son héritage se dilapider.
Un soir, elle découvre sa domestique, Rosalie, dans le lit de son mari. Prête à se suicider, Jeanne sombre dans un profond état de prostration. Un docteur venu la consulter lui apprend alors qu’elle attend un enfant. Sa grossesse se déroule tristement et elle accouche dans de terribles souffrances ; déçue par le mariage, Jeanne témoigne un amour excessif à son fils, Paul.
Ses parents condamnent l'attitude de Julien, mais le curé demande au baron : "N'avez vous pas vous mêmes fait la même chose ?", ce en quoi le baron ne peut qu'acquiescer, ce qui perturbe encore davantage Jeanne. Son mari est à nouveau dans les bras d'une autre femme, ce que Jeanne ressent d'autant plus comme une trahison que celle-ci était son amie : la comtesse de Fourville.
À la mort de sa mère, Jeanne trouve dans les papiers de la défunte des lettres prouvant que sa mère a entretenu une relation adultère avec un ami de la famille. Paul, lui, connaît de graves problèmes de santé et Jeanne craignant de se retrouver seule voudrait un autre enfant. Son mari ne le souhaitant pas, à cause du coût que cela engendrerait, elle parvient à lui jouer un tour pour être enceinte.
Le comte de Fourville, s’étant rendu compte de la relation qu’entretenait sa femme avec Julien, les tue tous les deux. Jeanne accouche d’une fille morte née.
Paul, sa seule consolation, grandit, aimé de tous, et poursuit des études très médiocres. Il s'échappe de son collège pour gagner Paris, puis Londres et se contente d’écrire à sa mère en lui promettant régulièrement son retour et en profitant pour lui demander de l’argent.
Jeanne dépense alors sa fortune, et finit par être prise en charge par Rosalie, son ancienne domestique, qui aura eu finalement plus de chance qu'elle. Rosalie et Jeanne se regroupent alors, et Rosalie prend en charge la gestion financière de Jeanne, la contraignant notamment à vendre la résidence familiale et à refuser de l'argent à son fils, toujours invisible, qui annonce son mariage prochain avec une femme, dont Jeanne ressent une jalousie profonde.
Cloîtrée dans sa solitude, Jeanne ressasse continuellement ses vieux souvenirs. Un jour, apprenant que la femme de Paul est gravement malade, Jeanne accepte de prendre soin de leur petite fille sur qui elle déverse toute son affection si longtemps retenue. Le livre se conclut par une citation d'une lettre de Flaubert à Maupassant : « La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit. »

Bel-ami :
Juin 1880. Georges Duroy, sous-officier rendu à la vie civile, est un beau jeune homme peu scrupuleux. Nouvellement employé aux chemins de fer du nord, il déambule sur les boulevards parisiens, en quête de fortune et de réussite. Il rencontre un ancien camarade de régiment, Forestier, qui va le recommander au directeur de son journal, la Vie française. Grâce à l'appui de son ami, Georges est embauché comme reporter ce qui lui permet de doubler son salaire.
Le jeune homme découvre les salles de rédaction et les coulisses de la vie parisienne. Il plaît aux femmes et est bien décidé à en profiter pour "arriver». Mme Forestier, la femme de son ami lui donne des conseils et l'aide à rédiger ses premiers articles. Puis Georges fait la connaissance de Clotilde de Marelle, une sympathique bourgeoise bohème, qui lui délivre une éducation sentimentale très libre. La très jeune fille de Mme de Marelle, Laurine, donne à notre héros le surnom de Bel-Ami.
Offensé par son ami Forestier, Georges décide de séduire sa femme. Dès le lendemain, il déclare son amour à Mme Forestier. Mais celle-ci le tient à distance et lui explique que si elle est disposée à être son amie, jamais elle ne sera sa maîtresse. Sensible pourtant à l'admiration que lui porte le jeune homme, elle lui conseille de rendre visite à la femme de son directeur, Mme Walter, qui "l'apprécie beaucoup". Duroy s'exécute. Il se rend chez elle et la séduit par son esprit. Elle le fait nommer chef des Echos. Cet avancement lui vaut une augmentation. En l'absence de son ami Forestier, malade, Georges Duroy signe plusieurs articles de fond. Suite à l'un de ces articles il est diffamé par le rédacteur d'un petit journal en mal de publicité. L'honneur de son journal étant en jeu, Walter, son directeur, le pousse à provoquer l'offenseur en duel. Angoissé à l'idée de mourir, Duroy ne ferme pas l'œil de la nuit. Le lendemain, à l'aube, il se rend au bois du Vésinet pour le duel. Les deux adversaires font feu l'un sur l'autre, mais se manquent. Cet épisode, dont ils ressortent tous les deux indemnes, leur vaut une belle publicité. Cet acte de courage permet à Georges de gagner l'estime de son directeur qui lui offre une nouvelle promotion. En plus de son poste de chef des Echos, il devient chroniqueur. Duroy obtient aussi de sa maîtresse, Clotilde de Marelle, qu'elle le loge dans l'appartement de la rue de Constantinople. Elle l'invite également à dîner chez elle tous les jeudis, son mari, M. de Marelle l'appréciant beaucoup...
En février , Georges reçoit une lettre de Madeleine Forestier qui lui demande de venir la rejoindre à Cannes, Charles, son mari étant au plus mal. Il se rend au chevet de Forestier, agonisant. Charles meurt quelques jours après. Pendant la veillée funèbre, Georges Duroy propose à Madeleine de se remarier avec lui. Elle réserve sa réponse. Après l'enterrement de Charles, elle l'accompagne à la gare. De retour vers Paris, Duroy nourrit beaucoup d'espoir.
Madeleine accepte quelques mois après, d'épouser Bel-Ami. Rêvant de noblesse, elle convainc Georges de signer ses articles "du Roy" ou " Du Roy de Cantel" . Georges est devenu rédacteur politique et ils écrivent ensemble ses articles. Ils se fixent comme objectif d'aider le député Laroche-Mathieu à accéder au pouvoir. Mais Georges a du mal à oublier son ami Forestier. Avoir pris sa place ne lui suffit pas, il éprouve vis à vis du défunt une jalousie obsessionnelle .
Georges découvre alors que le député Laroche-Mathieu mène une cour très assidue auprès de sa femme. Il en éprouve une vive jalousie et décide de se venger. Il entreprend de séduire Virginie Walter, l'épouse de son directeur, et parvient à en faire sa maîtresse.
Virginie lui apprend que Laroche-Mathieu, qui est devenu ministre des Affaires Etrangères, et son mari, M. Walter, ont organisé une spéculation très lucrative au Maroc. Georges éprouve une violente haine de ne pas avoir été mis plus tôt dans la confidence. Il décide dès lors de n'œuvrer qu'à sa seule réussite.
Il fait chanter sa femme et parvient à lui extorquer la moitié de l'héritage que vient de lui léguer un vieil amant millionnaire, Le Comte de Vaudrec. Puis il réussit à la surprendre en flagrant délit d’adultère et obtient le divorce.
Durant une réception organisée chez les Walter, Il se met à rêver d’épouser Suzanne Walter, leur fille; non par amour mais par ambition.
Il parvient à séduire Suzanne et lui annonce qu’il va l’enlever afin d'obtenir l'accord de son père pour leur mariage.
Ils se marient à la Madeleine en octobre 1883. Le Baron Du Roy de Cantel sort de l'église au bras de sa nouvelle épouse. Il est riche et sera bientôt député puis ministre.

Le Horla :
Le narrateur est un homme de quarante-deux ans qui coule des jours paisibles dans sa propriété rouennaise située au bord de la Seine. Un jour il voit passer devant sa maison un trois-mâts brésilien. A compter de ce jour, il est victime d'étranges sensations, de malaises et de fièvre. Il en vint à se qu'il n'était pas seul, qu'on le suivait quoi qu'il fasse, qu'il était pourchassé par un être qu’il ne pouvait voir.
Le narrateur nous décrit son anxiété et le trouble qui l’habite. Il évoque ce jour, où il s’est endormi en laissant près de son lit une carafe remplie d'eau. A son réveil, alors qu’il était sûr que personne n’avait pu s’introduire dans sa chambre, qu'elle ne fut pas sa surprise de retrouver la carafe vide. De plus en plus souffrant, il ressent des phénomènes étranges et a l’impression qu’une force mystérieuse le menace. Il décide de se rendre au Mont-Saint-Michel et parle avec un moine de l'existence de choses invisibles. Ce dernier lui raconte de vielles légendes qui évoquent la présence sur cette terre d’autres êtres que les hommes.
Il rentre chez lui, et très rapidement sa « folie » le reprend. Ne sachant plus quoi penser, et se demandant s’il devient fou, il décide de réaliser quelques expériences : la nuit avant de se coucher, il place divers aliments et boissons à coté de son lit. « On » boit la carafe d’eau, puis le lait. Il en arrive à la conclusion effrayante que quelqu'un est présent dans sa chambre chaque nuit et que celui-ci boit son eau et mange ses aliments.

Il décide de se rendre à Paris où il reste trois semaines. Il assiste à une séance d'hypnotisme qui le trouble profondément. Une question lancinante l’angoisse : Existe-t-il des forces invisibles ?
Rentré chez lui, il est à nouveau saisi par la peur. Il ne paraît plus maître de ses actes.
Un jour alors qu’il se promène dans le jardin il voit devant lui une rose se casser et s'élever dans les airs. Inquiet par ce qu'il vient de voir, il s'assied dans un fauteuil. C'est alors qu'il voit une page de son livre qu'il avait auparavant posé, se tourner comme si une personne était là en train de le lire.
Maintenant, l'homme en est sûr, un être invisible est à quelques pas de lui, l'envahissant de sa présence pesante ; il baptisa cet être « le horla ». Un soir, il se retourne vers son miroir comme il a l'habitude de faire. Il est surpris de ne plus apercevoir son reflet. Celui-ci a disparu. Puis lentement il réapparaît comme si quelqu’un ou quelque chose était passé devant lui... Le narrateur finit par mettre le feu à sa maison pour tuer « le horla ». Mais il doute du succès de son action. Sera-t-il obligé de se tuer lui aussi ?




 

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