BEAUVOIR Simone de: Biographie et analyses des oeuvres

BEAUVOIR Simone de

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Ses œuvres

Romans

Sa carrière d’écrivain commence en 1943 avec L’Invitée, roman qui renouvelle le thème éternel de la jalousie. Françoise tuera Xavière, « l’invitée » dont elle ne peut supporter l’immixtion entre elle et Pierre et la présence critique qui anéantit son autonomie morale.

Le sang des autres (1944) et Tous les hommes sont mortels (1947), apologue tendant à faire apparaître le caractère illusoire de l’aspiration à l’immortalité. Les thèmes sont présentés sous une forme didactique.

En 1954, le prix Goncourt attribué aux Mandarins attire l’attention du grand public.


Essais

Parallèlement, elle traite des thèmes existentialistes au théâtre (Les Bouches inutiles) et dans des essais philosophiques (Pyrrhus et Cinéas, 1944, Pour une morale de l’ambiguïté, 1947).

Le Deuxième sexe fait scandale et concerne la condition féminine. Elle répudie le mariage qui place la femme sous le joug de l’homme et se pose en faveur de l’avortement, considéré à l’époque comme un homicide. Elle considère que la maternité de la femme n’est pas naturelle, mais est une construction de la société. Elle affirme dans cette œuvre qu’ « on ne naît pas femme, on le devient ».

Elle écrit des reportages plus engagés que pittoresques (L’Amérique au jour le jour, 1948, et La Longue Marche, essai sur la Chine, 1957).




Mémoires

Elle publie ses souvenirs (Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958 ; La Force de l’âge, 1960 ; La Force des choses, 1963), des réflexions sur la mort de sa mère (Une mort très douce, 1964), sur La Vieillesse, 1970, sur la mort de Sartre (La Cérémonie des adieux, 1981) et une sorte de bilan (Tout compte fait, 1972). Les Mandarins étaient déjà des mémoires transposés concernant l’existentialisme et les rapports entre Sartre et Camus au lendemain de la Libération.

3. Sa pensée

Son engagement

Vivre, aimer, faire des études, pour Simone de Beauvoir rien ne doit être laissé au hasard et tout doit s’inscrire dans un projet et faire l’objet d’un retour sur soi. Elle s’engage passionnément dans ses études, découvre la philosophie, veut tout apprendre. Les engagements politiques au sens sartrien du terme viennent donc s’inscrire dans le cadre d’un engagement qui englobe tous les aspects de la vie. Son engagement est un engagement existentiel constant d’où cet état de tension qui se manifeste chez elle. Elle vit le monde avec intensité mais elle vit en permanence l’angoisse et l’horreur de l’anéantissement. Elle a des moments d’apaisement. Elle a le goût du bonheur, mais aussi des moments de profonde mélancolie.

Elle s’est fait son destin en rencontrant Sartre, elle devient une femme qui refuse les conventions et il lui laisse exercer sa vocation, écrire. Jusqu’au moment où elle commence à écrire Le Deuxième Sexe, elle n’avait pas pris conscience dans le fait d’être une femme et pourtant elle a combattu en tant que femme.

La construction de soi

Ses Cahiers de jeunesse reflètent son itinéraire dans la construction de soi. Elle se montre libre dans le travail, lutte et triomphe pour aboutir à elle-même. Son expérience dans la recherche de son individualité touche à l’universalité. Elle brise les stéréotypes pour se construire elle-même.

Sartre et Beauvoir

Ils refusent tous les deux le mariage et ont une autre conception de la vie de couple. Ils ne se cachent rien, cultivent leur amour souvent de manière épistolaire et ils vivent tous les deux des histoires parallèles. Ils constituent une aventure intellectuelle et veulent faire éclater les normes bourgeoises.

Elle partage les théories existentialistes de Sartre. Elle considère qu’il n’y a pas de nature humaine, la féminité n’est qu’une construction sociale. Les sociétés dénient à la femme le statut de sujet, elle est toujours l’Autre. Il s’agit de dénoncer et d’abolir cette pensée en revendiquant la liberté de la femme dans le couple, mais aussi la non- nécessité de procréer. Beauvoir ne veut pas enfanter et Sartre ne veut pas se perpétuer en se reproduisant.

Ils veulent donner le goût de la liberté, la conscience que le destin n’existe pas, ou qu’il dépend en grande partie de nous.

Son existentialisme

En tant que femme indépendante, elle se démarque également des idées de Sartre. L’existentialisme est une philosophie de la liberté, constamment associée à la Contingence. Justifier sa vie signifie la surmonter en donnant sens à sa vie. Se sentir justifié, c’est éprouver le sentiment de son importance, le sentiment d’être nécessaire, de remplir une fonction et d’accomplir un destin, d’avoir une raison d’exister. L’existentialisme considère que la vie n’a pas de sens, c’est pourquoi l’homme est condamné à s’inventer lui-même, à produire par lui-même les valeurs qui donnent sens à sa vie. L’existentialisme de Beauvoir est un individualisme.

A la différence de Sartre, elle n’a jamais considéré sa vocation d’écrivain comme une forme illusoire de justification. L’activité, le progrès continu dans la carrière ou la création, la possibilité d’inventer sa vie et d’en conquérir le sens lui ouvrent la voie du salut.

Source: Le Trouble


 

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