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1881-1958 Dans l’amitié de plus de trente-cinq années qui lie André Gide à Roger Martin du Gard, un trait de caractère du second frappe, peu banal en réalité : une prodigieuse fermeté dans la critique, que n’altère ni l’amitié ni le respect qu’impose le "maître de la jeunesse" (Gide est de douze ans l’aîné). |
C’est de 1913 que date cette amitié, lorsque Gide est impressionné par Jean Barois, presque premier ouvrage de Martin du Gard, roman-scénario-pièce de théâtre à la forme révolutionnaire, fruit de trois ans d’écriture et de la volonté de l’auteur de rendre la vie dans l’écriture. Par la suite, les deux écrivains prennent l’habitude de se donner à lire mutuellement leurs manuscrits, et Gide s’entendra par exemple dire, au sujet de son Corydon : "dialogue archiconventionnel, inhumain, presque barbare, dialogue de traité psychologique"… et remerciera…
Très tôt, Roger Martin du Gard est pris par la passion d’écrire. Après des études de lettres et à l’École des chartes (dont il hérite un "fétichisme de l’exactitude", un grand intérêt pour l’histoire et une méthode de travail rigoureuse, comparable peut-être à celle de Zola), doué d’une imagination impressionnante, il décide vers vingt-cinq ans de ne plus rien faire qu’écrire. Il est grand admirateur de Tolstoï, tout comme Camus, que la capacité de RMG à se consacrer tout à son oeuvre impressionne.
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