LA BRUYÈRE Jean de: Biographie et analyses des oeuvres

LA BRUYÈRE Jean de

article

Discours à l'Académie française (1693)
Préface à ce discours (1694)
Dialogues sur le quiétisme (posthume, 1699)
Les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec les Caractères ou les Moeurs de ce siècle (1688).

Les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec les Caractères ou les Moeurs de ce siècle connurent un immense succès à la publication, surtout parce que le public cherche qui a servi de modèles aux portraits souvent cruels. Des "clés" manuscrites circulèrent, dévoilant l'identité des "modèles"; presque toujours inexactes, car La Bruyère avait synthétisé des défauts observés. Cependant, s'apercevant que les portraits (montés comme autant de Comédies de caractères plaisaient, c'est la partie qu'il a le plus augmentée au fil des éditions. Dès la préface, l'auteur tend "un miroir"; le portrait du lecteur "d'après nature", dans une perspective morale: ces caractères doivent conduire à se corriger. La Bruyère retravaille des stéréotypes en se plaçant dans une tradition (le portrait et la maxime étaient des genres littéraires ludiques appréciés dans les salons au XVIIème siècle en France et en Angleterre.

L'oeuvre se découpe en seize chapitres,
    «Des ouvrages de l'esprit»,
    «Du mérite personnel»,
    «Des femmes»,
    «Du coeur»,
    «De la société et de la conversation»,
    «Des biens de fortune»,
    «De la ville»,
    «De la cour»,
    «Des grands»,
    «Du souverain et de la république»,
    «De l'homme»,
    «Des jugements»,
    «De la mode»,
    «De quelques usages»,
    «De la chaire»,
    «Des esprits forts».
Les principaux thèmes abordés, on le voit, sont la critique littéraire, la peinture de moeurs (La Bruyère dénonce la superficialité des moeurs de la cour), la critique sociale et politique (il s'en prend à l'organisation du pays et fustige une société de privilèges), mais le thème prédominant reste la dénonciation du faux-semblant, sous tous ses aspects : pour ce moraliste, il n'était pire chose que la manie du masque et l'incapacité d'être vrai.

Les portraits de La Bruyère sont le travail d'un fin observateur, qui analyse les hommes avec justesse et les dépeint avec une ironie mordante tout en dénonçant les travers du temps. Plus vivants que ses maximes, ils présentent non des individus mais des types humains, où le public de l'époque tenta de reconnaître un certains nombre de contemporains. Prudent, La Bruyère se défendait, peut-être à juste titre, d'avoir voulu peindre des personnes particulières. Il n'en reste pas moins que ces types sont si vivants et si criants de vérité que le soupçon des contemporains s'explique, et que la tentation est forte de chercher les modèles réels de cette amusante galerie de portraits. Il est possible aussi que le dessin d'un type plutôt que d'une personne donnée, en favorisant la généralisation, ait paru à l'auteur plus édifiant moralement.
Le style des Caractères est précis, finement ciselé, et la présentation des portraits varie constamment (anecdotes, dialogues, etc.); le trait dominant autour duquel s'organise le caractère est toujours indiqué soit en début, soit en fin.

Études sur les oeuvres de La Bruyère
 

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