LA FONTAINE Jean de: Biographie et analyses des oeuvres

LA FONTAINE Jean de: Biographie et analyses des oeuvres

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(Château-Thierry, 1621 - Paris, 1695)

La_Fontaine Fils d'un"Maître des eaux et forêts et Capitaine de chasse",il entre à 20 ans et pour 18 mois dans un monastère;(peut-être avait-il une vocation religieuse) mais il ne put jamais accepter d'entraves à sa liberté. Le regret d'avoir renoncé à une vie pieuse et retirée transparaît dans ses vers tardifs. Avocat au Parlement, il ne plaide guère et se lie avec une joyeuse bande de poètes, les"Chevaliers de la Table Ronde" où Boileau et d'autres du Parnasse classique se trouvaient aussi. Il se marie en1647 pour complaire à son père et reprend en1652 la charge paternelle de maître des Eaux et Forêts, se montrant fonctionnaire négligent, époux et père indifférent.

Protégé par Fouquet (1658-1661), la duchesse douairière d'Orléans (1664-1672), Mme de La Sablière (1673-1693) et Mme d'Hervart (1693-1695), il mène une vie de loisirs et publie: Élégie aux nymphes de Vaux (1661), Ode au roi pour M. Fouquet (1663), poèmes de circonstance; Contes et Nouvelles en vers (1665 à 1674), récits licencieux en vers irréguliers; les Amours de Psyché et de Cupidon (1669), roman- nouvelle en prose et en vers, ce qui en passant ramène aussi La Fontaine au courant de la Nouvelle même si son inspiration dans le genre en revient à une manière gaillarde à la mode de la"Nouvelle-Fabliau".
Ses Fables (12 livres parus de 1668 à 1694) ont immortalisé son nom. Il s'inspira surtout des Anciens (Esope et Phèdre, notamment.), mais il a totalement renouvelé le genre: la fable n'est plus la sèche démonstration d'une morale; c'est un court récit à l'intrigue rapide et vive. La souplesse et le naturel du style sont en réalité le fruit d'un grand travail où le poète a manifesté sa parfaite maîtrise de la langue et du vers. Il composera au total 238 fables (plus, semble-t-il, pour faire plaisir à ses admirateurs que par goût), et abandonne presque complètement ce genre après 1683.
La Fable était au XVIIème siècle un exercice de collège, en prose, porté à la perfection, chez La Fontaine. Les"moralités" sont souvent contradictoires, prêchant ici l'égoïsme, ailleurs la générosité..; les fables sont une oeuvre littéraire et non morale ni même pédagogique, quoi que prétendent les préfaces de certains Livres. La Fontaine ne remet pas en cause la société pyramidale du XVIIème siècle, le pouvoir absolu, mais parfois peut-être son"Jupiter" ou son"Lion, Roi des animaux" égratignent-ils le Roi-Soleil Ce qui apparaît plus clairement, c'est l'agacement de la Fontaine devant l'exploitation du pauvre, le paysan dépouillé et opprimé par les puissants.Le Roi-Soleil n'aimait pas La Fontaine; c'est sur intervention de la favorite, Mme de Montespan, qu'il a daigné accepter l'élection du fabuliste à l'Académie Française en1683.
Certains textes ne sont pas à proprement parler des fables, mais plutôt des contes, des méditations.... La convention de base de toute fable est la métaphore; il s'agit d'exprimer des concepts abstraits par un récit en apparence concret, même s'il est presque toujours"merveilleux" (animaux socialisés), et/ou"allégorique" (la Mort...). La moralité, presque toujours en fin de récit,"décroche" de la métaphore et synthétise les idées abstraites que l'auteur a voulu exprimer. La Fontaine s'inspire presque toujours de ses prédecesseurs quant au sujet, mais son génie tient dans le style extrêmement concis (la présentation de l'état initial est rarement distincte du début de l'action, personnages et situations vivants en très peu de mots), personnages qui ne sont pas que des humains déguisés en animaux, mais des croquis"pris sur le vif", et"moralité" réduite le plus souvent à moins de 5 vers (les fabulistes antérieurs en mettaient des pages...)
Les fables sont en vers libres (nombre de syllabes inégal, 8 et 12 de préférence; organisation des rimes variable), libres mais jamais anarchiques: la disposition typographique a son importance (resserrements = angoisse, action, vitesse; élargissements = exposé de situation, bilan, lenteur, etc...; alternance 8/12 = essoufflement, panique...). La longueur des phrases est également pertinente; La Fontaine n'hésite pas à utiliser l'enjambement, ex:
"En quoi peut un pauvre reclus
Vous assister ? [...]"
(mise en relief de"reclus").
Les allitérations n'ont pas seulement une fonction esthétique ; elles accompagnent et rythment l'action, comme les interjections ("Pff! Han!") en B.D.
ex:
"Sous le faix du fagot aussi bien [que des ans
Gémissant et courbé, marchait à [pas pesants,"
(jeu d'allitérations /S-Z/ + /F/ + /AN/ + /P/ ="effort physique")




 

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