BOSSUET: Biographie, études et analyses des oeuvres

BOSSUET: Biographie, études et analyses des oeuvres

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Jacques-Bénigne BOSSUET, évêque de Meaux (1627-1704)

Bossuet - à 9 ans il reçoit la tonsure, vocation naîtra plus tard mais déjà très pieux; études au collège des jésuites de Dijon;
- 1652, ordonné prêtre, grand admirateur de St Vincent de Paul;
- 1659, s’installe à Paris et multiplie sermons et oraisons funèbres (on commence à parler de lui à la Cour).
Dans les Sermons, il invite ses auditeurs à la méditation et à la prière et propose à leur réflexion quelques vastes problèmes : son éloquence s’attache donc à être efficace plutôt que brillante. Ses sermons sont aussi les appels d’un prêtre qui supplie ses frères en Dieu de songer à la vie éternelle. Les sujets : il invite les riches à la charité, il prêche sur l’Honneur du Monde, l’Enfer, la Providence, la Passion, l’Impénitence fatale, l’Unité de l’Eglise, l’Amour de soi et l’amour de Dieu, la Justice, la Haine de la Vérité, etc.

Le « texte » précédant le sermon est une phrase des Ecritures qui sert de point de départ à la réflexion. Chez Bossuet, ce texte revient souvent comme un motif lyrique: il a l'art de l'adapter à son sujet et d'en tirer des effets saisissants. L’exorde contient deux parties séparées par un Ave prononcé par l’assistance. Il s’agit d’éveiller l’attention et de mettre en confiance. La partie centrale : le sujet est traité en deux ou trois points. Procédé d’accumulation convaincante, selon une progression sentimentale et pathétique. S’il n’y a que deux points, la progression se fait souvent par antithèse. La péroraison : vient dégager la conclusion en évitant une fin trop brusque. Chez Bossuet, elle apporte en fin de sermon, des éléments de consolation et d’espoir.

Ses Oraisons funèbres les plus belles sont celles d’Henriette de France en 1669 et d’Henriette d’Angleterre en 1670. Les Oraisons funèbres constituent un genre particulier ; Bossuet fait le portrait d’un mort et il en tire des conclusions morales et philosophiques ; mais c’est un mort que les auditeurs ont connu et les passions qu’il a fait naître ne se sont pas éteintes avec lui. Bossuet ne parle des exploits et des mérites du disparu que pour les mieux ramener à leur proportions humaines. Il pose alors le problème éternel de la vie et de la mort, la mort éclairant la vie et lui donnant sa signification. Noter l'éclat du vocabulaire, l'ampleur des phrases et le style qui sait se plier aux mouvements de la pensée. Avant Bossuet, c’était un genre mondain destiné à donner de l’éclat à une cérémonie mortuaire et à satisfaire l’ambition des descendants. Bossuet les transforme en sermon dans lesquels les vérités de doctrines et de morale sont illustrées par la vie du défunt. Il établit des portraits psychologiques en ne retenant que les traits édifiants de chaque personne. Il raconte également les événements auxquels les personnages ont été mêlés et cela lui vaut d’ailleurs des critiques. On trouve parfois ses jugements contestables. Enfin, rompant nettement avec la tradition du genre, il insiste sur les leçons de la mort et prône une vie chrétienne face à la toute-puissance de Dieu.

- 1670, nommé précepteur du Dauphin de France, 1671 entre à l’Académie ; veut réaliser un programme d’éducation pour ce futur roi (pas de grec, beaucoup d’Histoire et de sciences politiques, religion et philosophie). Son enseignement se veut pratique et fondé sur l’observation des vertus et des vices des autres souverains.

- 1680 devient évêque de Meaux (son éloquence le fait surnommer "L'Aigle de Meaux"), occasion de refaire des oraisons; adversaire des protestants et ennemi du théâtre ; dans Maximes et Réflexions sur la comédie, il attaque violemment le théâtre qui, pour lui, contribue à la dépravation des mœurs et amollit les âmes.

- 1698 : La querelle du Quiétisme l’oppose longuement à Fénelon, jusqu’à ce qu’il publie la Relation sur le quiétisme et écrase Fénelon. Quiétisme : doctrine du prêtre espagnol Molinos. Mysticisme qui pousse l’union totale avec Dieu jusqu’à rendre l’âme tellement étrangère au corps qu’elle n’est plus responsable des fautes qu’il peut commettre.

L’éloquence de Bossuet

La prédication de Bossuet repose essentiellement sur la fidélité aux Écritures, sur la connaissance du coeur humain, sur la rigueur du raisonnement. Tout sermon de Bossuet est une démonstration: une argumentation continue, rigoureusement enchaînée, nous conduit de l'exorde à la conclusion. Bossuet aime de tout son coeur sa doctrine et s'émeut devant la misère des âmes qu'il faut sauver. Sa vive sensibilité se traduit en effusions lyriques, soit qu'il exprime son adoration pour la grandeur de Dieu et des mystères qu'il enseigne, soit qu'il supplie les fidèles d'entendre « le prédicateur du dedans » au fond de leur coeur. Même les procédés de la rhétorique traditionnelle: interrogations, exclamations, antithèses, prosopopées, prennent chez Bossuet une valeur humaine parce qu'ils sont le mouvement même d'une âme qui cherche à nous communiquer sa foi.
Condamnation des prédicateurs qui cultivent l’éloquence pour elle-même. Tout discours est une élévation sur le dogme.
Grande rigueur dans la composition et souvent un même schéma : les oraisons ont immuablement 2 parties qui s’équilibrent et se répondent. Il développe des idées simples et ne se disperse pas afin que son auditoire adhère à sa pensée. Il cherche la précision plus que l’éclat et quelques fois utilise les mots dans leur sens latin. Parfois aussi, il juge nécessaire de rendre la parole majestueuse (la période suit le mouvement de la pensée, souvent dans les oraisons) ou pathétique (il s’abandonne alors à un élan lyrique pour toucher le cœur de ses auditeurs) ou évocatrice (imagination poétique et image pour rendre l’idée plus sensible à l’auditoire).




 

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