DAUDET Alphonse: Biographie, études et analyses des oeuvres

DAUDET Alphonse: Biographie et analyses des oeuvres

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Le talent de Daudet


Daudet emprunte à l’observation la matière de ses oeuvres. Il enregistre sur ses “carnets” de petits faits significatifs, qu’il transpose dans ses contes ou dans ses romans de manière à donner la sensation directe de la réalité. Comme les naturalistes, il peint l’humanité contemporaine dans son train de vie quotidien; et il s’intéresse aux humbles: enfants malheureux (Le Petit Chose, Jack); dévoyés et ratés (Fromont jeune et Risler aîné); ouvriers et artisans des faubourgs.
Mais Daudet possède une âme sensible de poète. Il est toujours demeuré à l’écart du groupe de Médan, dont il réprouve les prétentions scientifiques et le pessimisme desséchant. Sans fermer les yeux aux misères ou aux bassesses de la société, il voudrait être un “marchand de bonheur”: aussi cherche-t-il, même dans les existences médiocres, des trésors de bonté ou de dévouement. Tout vit et vibre sous sa plume. Son style enfin, aisé, lumineux, mais parfois aussi nerveux et fébrile, nourri des sucs provençaux, exerce sa séduction sur les gens simples comme sur les lecteurs raffinés.


L’oeuvre d’Alphonse Daudet se situe en marge du naturalisme, par ses tendances réalistes plus manifestes, a été souvent victime des classements simplificateurs des historiens littéraires: représentant de l’aile fantaisiste et sentimentale de l’école, écrivain pour les enfants, conteur attendri des coutumes provençales ou, au contraire, peintre d’un Midi caricatural. Un certain succès facile, d^surtout aux romans autobiographiques Le Petit Chose et Jack - récits d’une adolescence douloureuse, qui ne manquent pas de sensiblerie - explique, en partie, ces étiquettes parfois hâtives qui placent les livres de Daudet à la limite des deux réseaux qui s’interfèrent dans le système de production naturaliste: la grande littérature et la littérature de consommation ou la paralittérature.
Sa méthode de travail, fondée sur des notes prises sur le vif, réunies dans ses célèbres “calepins”, le rôle accordé au côté documentaire, la précision de l’observation, son idéalisme social le rattachement aux meilleures traditions du groupe de Médan. Il s’en écarte, pourtant, par l’absence de préoccupations théoriques, par le refus des thèmes triviaux et des cas pathologiques (à l’exception du roman L’Evangéliste, étude d’une crise mystique), par sa vision poétique du monde, teintée d’ironie et d’humour, qui transpercent ses commentaires d’auteur.
Toute la création littéraire d’Alphonse Daudet se trouve sous le signe d’un dialogue fertile entre le Nord et le Midi. Né à Nîmes, en 1840, il est devenu, de bonne heure, un chroniquer passionné des moeurs parisiennes sous le Second Empire. Les Lettres de mon moulin trahissent non seulement son intérêt pour le folklore de la Provence, auquel il était intimement lié par son adhésion au mouvement des Félibres, mais aussi des dons de conteur très sûrs, l’instinct du détail, spontanéité et charme.


Source: A N I




 

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