Le poème lyrique

Le poème lyrique

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La poésie lyrique est issue des prières et des hymnes religieux.
À ses débuts, elle avait pour fonction d'exprimer les sentiments d'un groupe, d'une collectivité.
Elle était alors très proche de la musique, du chant.
Quelques-unes des plus anciennes formes du lyrisme grec étaient des chants choraux: leur objet était la célébration des dieux, mais aussi et surtout des héros, des événements qui ont marqué la collectivité (ex.: les odes de Pindare, composées plus tard).
À travers cette célébration, c'étaient les valeurs qui régissaient la collectivité que l'on exaltait.
Les textes étaient donc empreints de morale, de sagesse.

Le lyrisme a beaucoup évolué par la suite, autant dans le contenu que dans la forme.
Il est devenu plus personnel, il s'est mis à exprimer les sentiments de l'individu. Sapho compte parmi les premiers poètes à avoir donner une place centrale aux événements intimes de l'individu. Mais son lyrisme gardait quand même un caractère collectif: le poète, en parlant de lui-même, de ce qu'il vit, parlait au nom des autres.
Ce caractère collectif, omniprésent au début, va disparaître petit à petit au fil des siècles, réapparaissant à l'occasion, par exemple, de bouleversements politiques et sociaux

Les premières manifestations du lyrisme en Occident remontent à la Grèce antique, aux alentours du VIIe siècle av. J.-C. Premiers auteurs: Théognis de Mégare et Mimnerme de Colophon (lyrisme apparenté à la tradition épique), Archiloque et Sapho (lyrisme plus personnel).

Le lyrisme a évolué à travers les siècles, tantôt triomphant (par exemple, au Moyen Âge avec les troubadours), tantôt éclipsé par d'autres genres littéraires (par exemple, au XVIIe siècle en France). Il existe encore de nos jours.

À partir du XVIIIe siècle, en liaison avec l'importance grandissante accordée à la sensibilité, la poésie est dite lyrique si elle cherche à exprimer les sentiments intimes du poète par des rythmes et des images.
Si on peut trouver une poésie lyrique arabe, chinoise ou biblique, le terme désigne avant tout une expérience occidentale et moderne : faire coïncider une expression (des mots) et une impression (un sentiment, une émotion) au moyen d'une musique poétique et phonique.

En France, après une période dominée par la poésie dite formaliste, on assiste à un retour significatif de la poésie lyrique. Les poètes de cette nouvelle vague se réclament volontiers de grands lyriques comme Rilke ou Hölderlin. Parmi ces poètes, on retrouve: Yves Bonnefoy, Jacques Dupin, André du Bouchet, Claude Vigée, Hubert Juin, Gaston Miron, Jacques Brault, etc.

L'émergence de la poésie lyrique dans une littérature coïncide avec la prise de conscience de la valeur de l'individu.
Les genres littéraires comme l'hymne et l'épopée, qui témoignent d'une conscience collective, cèdent alors la place à cette nouvelle forme d'expression. La poésie lyrique est un signe d'évolution dans une littérature. On la trouve entre autres dans les littératures européennes, chinoises, japonaises et arabes et américaines.

Le poème lyrique se présente comme le lieu par excellence du JE, qui y manifeste sa relation au monde, à la nature, à l'Autre.
Variations sur les thèmes de l'amour et de la mort, de la joie et de la douleur.
La poésie lyrique garde, à travers toute son évolution, la même visée radicale: atteindre un au-delà du monde, un absolu.
Le poète cherche, par des textes de forme savante ou populaire, à donner une portée plus grande à son expérience individuelle, à transcender sa condition d'être humain.
Le lyrisme s'épanouit dans une société et dans une littérature qui accordent une grande importance à l'individu, à sa liberté d'expression et de passions.
Il s'accommode mal des règles et des lois de la raison.
Ainsi, il n'est pas étonnant qu'en France, aux XVIIe et XVIIIe siècles, il n'y ait pratiquement pas eu de poètes lyriques: la doctrine classique avait complètement étouffé le lyrisme.
C'est la Révolution française qui a fait renaître le lyrisme en faisant tomber les dogmes classiques et en annulant les hiérarchies; l'individu reprenait alors une place de premier plan.
Le rôle et le statut du poète lyrique changent d'une époque à l'autre et d'une société à l'autre. Dans l'antiquité, en Grèce et à Rome, le poète est engagé dans la vie de la communauté à laquelle il appartient.
Il est sur la place publique et s'adresse directement à ses contemporains, il en est le porte-parole, le guide spirituel; il jouit d'un grand prestige, on le comble d'honneurs (ex.: Pindare).
Au moyen âge, le poète lyrique occupe aussi une place de choix: il est au service des seigneurs, il écrit pour divertir une élite oisive. Mais il n'a pas toujours une situation aussi favorable.
Par exemple, au XIXe siècle, en France, il devient un solitaire, un exilé, un homme qui vit hors du monde, dans la pauvreté: c'est le poète maudit.
Il occupe une place à part et n'est au service de personne (ex.: Baudelaire, Verlaine, Rimbaud).
Encore de nos jours, le poète lyrique est refoulé dans les marges. Le rôle qu'il joue dans la société est considéré comme négligeable, insignifiant.

Source: http://poete.rebelle.free.fr/poetique/




 

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