TARDIEU Jean: Biographie et analyses des oeuvres

TARDIEU Jean: Biographie et analyses des oeuvres

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Tardieu Le succès, dès le début des années 50, de ses drôlatiques petites pièces mettant en jeu l’exercice du langage lui procurent une place de choix parmi les auteurs du Nouveau théâtre ( Ionesco, Adamov, Dubillard,?). Pratiqué à la manière d’un "clavecin bien tempéré", le théâtre est le plus souvent pour Tardieu un laboratoire de formes et d’expressions, où les poncifs de la comédie bourgeoise viennent à s’effondrer sous l’effet de procédés d’écriture qui, pour paraître drôles et saugrenus, n’en opèrent pas moins une mise à l’épreuve des codes sociaux comme des outils de la communication.
L’efficacité comique de ses courtes pièces ainsi que leur (apparente) simplicité leur valent d’être portées à la scène un nombre incalculable de fois.
Cependant il poursuit, depuis les années 40, un travail de prosateur, cherchant à rendre par les mots les effets et la force des toiles de peintres illustres comme de ses amis de l’"abstraction lyrique".
Le geste des peintres comme leur fascinante utilisation de la couleur sont autant de causes de la "jalousie" que l’écrivain ressent à leur endroit et du défi qu’il choisit de relever : comment rendre en mots l’univers d’un peintre, comment y plier la langue, malgré les limites imposées par le dictionnaire, malgré ses formes contraintes par la linéarité de l’écriture et le cadre restreint de la page ? L’inventivité syntaxique, lexicale, typographique répond seule à ce défi, dans une démarche dont on voit qu’elle est avant tout d’ordre poétique.
C’est pourquoi ces aspects les plus visibles et les plus remarqués de son oeuvre ne doivent pas faire oublier qu’il fait paraître sans relâche durant toute sa vie, des recueils de poèmes où, derrière la facétie verbale, s’avoue l’inquiétude d’un agnostique aux prises avec les perpétuelles menaces d’un "ennemi sans visage et sans nom".
L'oeuvre ne cesse d'emprunter les détours d'écritures hétérogènes ou expérimentales, de la prose au calligramme et de l'ode métaphysique à la farce burlesque, mais reste toujours tenue "par le fond" à un parcours et des méandres inscrits d'emblée dans son itinéraire.
Mais à mesure qu'elle éclabousse ou envahit des domaines d'écriture voisins, cette poésie aux frontières élastiques se rend inhospitalière aux grands courants littéraires contemporains, qui eux-même la frisent sans jamais l'imprégner : ni le surréalisme, ni l'OuLiPo, ni le lettrisme, ni la poésie philosophique, ni celle de la militance ou de l'humour verbal ne peuvent la revendiquer de plein droit, alors qu'elle doit à chacune de ces tendances (voire à d'autres, même si la dette est moins apparente) quelques-uns des traits par où elle se laisse reconnaître.

Source: http://rabac.com




 

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