LABÉ Louise: Biographie et analyses des oeuvres

LABÉ Louise: Biographie et analyses des oeuvres

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Labe Fille et femme de riches cordiers, d'où en plus de sa beauté son surnom de"belle cordière" est fort explicable. Louise Labé, femme de lettres surtout poétesse, ravissante joueuse de luth qui s'initia au latin, à l'italien et à la musique, était aussi une amazone pour qui l'escrime ou l'équitation n'avaient aucun secret.

Dans la lignée de Marie de France, de Christine de Pisan, avec Marguerite de Navarre et Pernette du Guillet, la"Belle cordière" fait scandale de son vivant même car non seulement, elle ose endosser le rôle masculin de poète mais elle inverse vision et rôles: c'est l'homme qui est l'objet du désir amoureux, le centre du fantasme, du songe.
Cultivée et très libre d'esprit, après un amour malheureux, elle épouse un cordier et tient"bureau de l'esprit", l'un des premiers Salons littéraires que frequentent Maurice Scève ou Jacques Pelletier.
Elle publie ses oeuvres en 1555 (Débat de folie et d'Amour, des Elégies et vingt-quatre Sonnets)dont la dédicace est une sorte de manifeste où elle revendique le droit des femmes à la création littéraire.
Incarnant une des formes de la Renaissance, comme Érasme ou Rabelais, elle a le sentiment que son époque mute vers un ordre nouveau où s'atténueront l'ignorance, les préjugés et les moeurs brutales. Cette espérance humaniste active porte chez elle en germe le Féminisme que défendra particulièrement Simone de Beauvoir au XXème siècle.

La poésie de Louise Labé a suscité une forme extrême du préjugé qui voit dans la poésie le reflet de la réalité vécue. On a donc prêté à la poétesse des amours coupables et désespérées, et fait de la sincérité la vertu principale de ses vers. La réaction contre cette tendance a pu produire l’excès inverse, invitant à lire élégies et sonnets comme un pur exercice de style, dans le goût pétrarquiste.
C’est là un faux débat. Cette œuvre si brève (3 élégies, 25 sonnets, outre le Débat de Folie et d’Amour, qui est d’un autre ordre) est originale par la violence qu’elle imprime à la rhétorique amoureuse traditionnelle en lui faisant subir un retournement délibéré : c’est l’homme qui devient l’objet érotique dont on détaille les charmes, c’est la femme qui assume le rôle favori du sujet de l’énonciation dans le pétrarquisme, à savoir la souffrance du désir (habituellement attribué à l’homme). Nul ne mesure mieux que Louise Labé l’audace d’un tel échange, illustrant le programme qu’elle assigne aux femmes dans sa préface : « s’appliquer aux sciences et disciplines » jusqu’ici réservées aux hommes, et mettre comme eux « ses conceptions par écrit ». C’est donc faire injustice à cet art achevé et conscient de ses effets que de le limiter à un cri irrépressible.




 

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