GIDE André: Biographie, études et analyses des oeuvres

GIDE André: Biographie, études et analyses des oeuvres

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Gide Issu d'une famille de bourgeois protestants, André Gide est élevé dans une atmosphère puritaine. A la suite de la mort de son père, il sera élevé au milieu de femmes, au premier rang desquelles : sa mère, l'ancienne gouvernante de celle-ci, la bonne, ses tantes et ses trois cousines.
Très tôt Gide fréquente des cercles littéraires, en particuliers celui des milieux de l'école symboliste où il ne jouera cependant pas un rôle important.
Il publie alors, à compte d'auteur, Les Cahiers d'André Walter, son premier livre, qu'il intitule "oeuvre posthume", histoire d'un jeune homme qui s'épuise, manque le monde et sa vie par excès de richesse intérieure, par impuissance à se choisir. Mais le vrai Gide n'est pas dans cette tentative de jeunesse, mais dans la crise spirituelle qu'il commence de traverser à cette époque et qui l'amènera à secouer les contraintes du piétisme familial.
Devenu une sorte d'esthète, de Narcisse Le Traité du Narcisse (1891), La Tentation amoureuse et Le Voyage d'Urien (1893), très influencé par la littérature contemporaine, c'est au cours d'un séjour en Afrique du Nord (1893-1895) qu'il assume pour la première fois son homosexualité. Dès lors libéré de toutes contraintes, ce qui lui vaudra entre autres des ennemis et des incompréhensions, en particulier de Claudel, Gide épousera sa cousine Madeleine, pour qui il éprouve depuis l'âge de quinze ans, une profonde affection. Mariage blanc et qui le restera : "C'est le ciel que mon insatiable enfer épousait."
Toute la vie de Gide est aimantée entre le ciel et l'enfer, entre la liberté et la contrainte morale, entre l'ange et le diable; il semble écartelé entre les extrêmes, déchiré entre les contradictions. Ainsi l'austérité de La Porte Etroite répond à l'Immoraliste (1902) et Saül (1903) est un écho aux Nourritures terrestres (1897) qui chantent la complicité d'un jeune être avec toutes ses faims, tous ses désirs, la recherche de la ferveur dans une communion avec la joie du monde charnel, la valeur de la surprise pour aviver cette ferveur, enfin le refus de toutes les servitudes familiales, sociales, religieuses, personnelles même, car la liberté ne se vit que dans l'instant et seulement chez l'être en perpétuel état de naissance.
En 1909, il est co-fondateur de la NRF qui développe une école de la rigueur et du classicisme, où l'on trouvera des écrivains comme Proust, Alain-Fournier, Giraudoux, Martin Du Gard, ou Valéry.
Les Caves du Vatican (1914), dont le célèbre héros, Lafcadio, cherche à se libérer par un acte gratuit, est un des élements tangibles de sa rupture avec le Catholicisme. Paul Claudel est choqué par un "passage pédérastique" du livre.
En 1919, Gide publie la Symphonie Pastorale. De 1920 à 1925 Gide va connaître "une triple libération" : "libération du passé dans Si le grain ne meurt (1920), souvenirs d'enfance et de jeunesse, où il pousse la confession jusqu'à son point extrême; libération de la contrainte morale, dans le Corydon (1924), apologie ouverte de l'homosexualité; libération artistique aussi, la plus féconde, dans Les faux-monnayeurs (1925)".
C'est dans les années 20 qu'il devient connu et reconnu, car la génération d'après-guerre a besoin d'irrévérence après le"bourrage de crânes". Gide, après un voyage en afrique noire, attaque vigoureusement le colonialisme (Voyage au Congo, 1927) puis après un séjour en URSS le stalinisme. En 1931, il écrit l'Oedipe *. La mort de son épouse en 1938 l'amène à tirer un premier bilan de son existence. Il commence à publier son Journal (1889-1939) et renoue après la guerre avec un personnage qui le hante depuis longtemps : Thésée, l'aventurier auquel, il s'identifie, malgré ses apparentes allures de moraliste.
En 1947, André Gide obtient le prix Nobel de littérature. Il meurt âgé de 82 ans avec ces derniers mots mystérieux : " J'ai peur que mes phrases ne deviennent grammaticalement incorrectes. C'est toujours la lutte entre le raisonnable et ce qui ne l'est pas ..."


Le classicisme d'André Gide aura consacré l'oeuvre et sans doute occulté la part de saugrenu qu'elle met en jeu dans les refus qu'elle a su afficher : refus des déterminismes, de la morale, de la psychologie.
Les soties que sont Paludes, 1895, Le Prométhée mal enchaîné et Les Caves du Vatican, 1914, "font la satire des comportements et des trajectoires déterminés, privilégient le hasard, la rencontre, postulent en creux la nouveauté radicale de chaque instant, la disponibilité de l'individu." Il faudrait alors relire cet ensemble, cohérent, d'?uvres qui, par un jeu de renversements, se retournent sur et contre ce classicisme : la sacralisation des savoirs et la religion.
Gide, grâce à ses soties, a ouvert ce que l'on a pu nommer l'aire du ludique.






 

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