BALZAC Honoré de: Biographie et analyses des oeuvres

BALZAC Honoré de: Biographie et analyses des oeuvres

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Balzac Honoré de Balzac

De famille de moyenne bourgeoisie de Province, Honoré est mis en nourrice puis en pension par sa mère qui a trente deux ans de moins que son mari. Après des études à Paris qui le mène clerc chez un avoué et parallèlement à des études à la Sorbonne où il se passionne pour la philosophie Balzac s'installe dans une mansarde car il se sent une vocation littéraire.

Sa première oeuvre Cromwell, une tragédie en vers, est un échec. Balzac doit rentrer chez ses parents à Tours où il reste cinq ans. Ne renonçant pas et persistant, il s'essaie sans succès dans divers genres littéraires et ce faisant fait la connaissance de Laure de Berny qui bien que de trente deux ans plus vielle que lui (troublante coïncidence) va devenir pour lui la mère, l'amante, la confidente et la conseillère. Remonté à Paris, il tente sa chance dans les affaires d'imprimerie, ce qui lui permet un entregent chez les écrivains et les éditeurs. Cette tentative le mène au désastre financier.
Il se met alors à à écrire comme un forcené, enchaînant romans, nouvelles, contes, pièces de théâtre Il mène une vie débordante d'activités : voyages, fréquentations, articles. En1832, il reçoit la première lettre de" l'Etrangère" qui admire son oeuvre, une Polonaise, la comtesse Hanska avec laquelle il entretiendra une longue correspondance. Un autre journal qu'il a acheté fait faillite. Balzac trouve la solution dans le roman-feuilleton et publie sous cette forme beaucoup de ses romans. À la fin de sa vie en 1850 peu de semaine avant sa mort, il épouse la veuve du comte Hanski en Ukraine.

Romancier français le plus productif du XIXème siècle, il veut rénover la conception du roman en lui donnant le caractère d'une étude presque scientifique de la société. L'idée très novatrice de Balzac est d'avoir introduit le retour des personnages dans le fil de ses romans; il donne un plan de LA COMEDIE HUMAINE en 1842. C'est un plan évolutif. Carcan auto-imposé mais trop systématique pour rendre compte de l'extraordinaire dynamisme, intuitif, de Balzac. Ce plan est peut-être un travers d'autodidacte, soucieux de bâtir sa"cathédrale": une centaine de romans (cinq par an en moyenne), et deux à trois mille personnages tous plus ou moins liés (parenté, amitié ou affaires).
Conformisme de façade (religion, monarchie, morale, famille), mais ses personnages préférés ont un destin: ils traversent avec violence les étages de la société.Il faut noter thème fréquent du"parcours initiatique" du jeune homme pur et idéaliste, qui découvre la corruption de la bourgeoisie parisienne; un personnage tel que Vautrin (alias Trompe-la-Mort), viril, mûr et machiavélique le guide ou l'entraîne dans le jeu social impitoyable pour les faibles.
Le narrateur des romans balzaciens est le plus souvent "omniscient" (focalisation zéro*) : il fait voir ce qui se passe en divers lieux pour divers personnages. De plus, Balzac impose sa vision du monde, donne une interprétation sociologique de la France de la première moitié du XIXème siècle; en effet la société pyramidale et figée d'avant la révolution a éclaté, et les contemporains de Balzac ne sont pas encore conscient du système nouveau qui régit la société. Balzac se pose en expert, en sage, il est celui qui va nous expliquer le monde, trop complexe, dans lequel nous sommes noyés. Plusieurs romans de Balzac ont pour titre La physiologie du...; dans sa jeunesse il avait entrepris un ouvrage philosophique, La théorie de la volonté, (le héros de La peau de chagrin écrit le même ouvrage). Cela témoigne d'une ambition"pré -scientifique", que poursuivra le"roman réaliste" jusqu'à la fin du XIXème siècle.

Isoler Balzac du groupe des romanciers romantiques ne veut évidemment pas dire que sa création romanesque s'est faite contre celle de ses contemporains. Bien des traits caractéristiques du romantisme de 1830 se retrouvent dans son oeuvre : exaltation du moi, dans son génie et ses désirs ; dynamisme et fécondité ; ambitions et appétits ; goût de l'histoire et de l'autobiographie (cf Louis Lambert ou Les Chouans) ; sens de la poésie et du mystère (cf par exemple Le Lys dans la vallée ou Une ténébreuse affaire).
Cependant Balzac - et c'est également vrai de Stendhal - se singularise par une aptitude à dépasser cette communauté de sensibilité et de passion par une volonté nouvelle de lucidité et d'explication dans la représentation de la réalité historique et sociale. Balzac va inscrire son oeuvre dans le tissu social de 1830, radicalement renouvelé par l'apparition de nouvelles catégories socio-professionnelles (banquiers, notables, commerçants, médecins...).

Plan de La Comédie humaine
LA COMEDIE HUMAINE
    I. ETUDES DE MOEURS
      (soixante romans, quarante-quatre projets)
      Scènes de la vie privée
      Scènes de la vie de province
      Scènes de la vie parisienne
      Scènes de la vie politique
      Scènes de la vie militaire
      Scènes de la vie de campagne
    II. ETUDES PHILOSOPHIQUES
      (vingt-sept romans, cinq projets)
    III. ETUDES ANALYTIQUES
      (un roman, quatre projets)
Total: quatre-vingt-quinze romans + quarante-huit projets
Aucune analyse du genre romanesque ne peut négliger l'apport de Balzac.

Constituée, à partir de 1842, en système à la fois clos, dans le cadre de ses trois groupes d'Etudes, et dynamisée par le principe du retour des personnages, La Comédie humaine témoigne d'une volonté aussi bien explicative que descriptive.
Influencé par les "naturalistes" de l'époque, Balzac veut dresser la nomenclature, la classification des espèces humaines en se fondant sur l'hypothèse d'un corps social identique à la faune naturelle. Mais il voit plus loin encore. L'oeuvre ne doit pas être seulement reproduction du monde, elle doit en fournir l'explication :" La Société devait porter avec elle la raison de son mouvement. " Or seule la fiction, l'invention peuvent permettre à Balzac d'adopter ce point de vue transcendant qui avait été, par exemple, celui de Dante dans La Divine Comédie. D'où, en 1842, le choix du titre de La Comédie humaine, qui, sans doute, dénonce l'hypocrisie, le jeu de rôles qui gouverne la société, mais qui surtout désigne l'oeuvre comme l'entreprise par laquelle le romancier figure fictivement, comme dans les modèles explicatifs des scientifiques, les mécanismes explicites ou obscurs de l'"inhumaine" condition.
Système à la fois clos, dans le cadre de ses trois groupes d'Etudes, et dynamisée par le principe du retour des personnages, La Comédie humaine témoigne d'une volonté aussi bien explicative que descriptive. Dans ce monde d'après 1815 où l'épopée est morte, les mécanismes sociaux se complexifient, s'éloignent de toute morale connue et laissent ainsi une place au roman, volontiers discursif, qui mesure cet écart. Ecrivain d'un réel que taisent ses contemporains, Balzac analyse les institutions qui font de la vie privée un espace d'aliénation, de la vie sociale l'espace de la ruse et de la volonté de puissance. Le génie, l'amour échouent ; l'argent triomphe. Face à son siècle, Balzac fonde une écriture contre le monde, impitoyable au réel mais capable de nourrir quelques illusions : ses utopies teintent d'un léger optimisme, de l'idée que quelque chose dépend de nous, une vision désabusée.




 

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