TOLSTOÏ Léon - Biographie, études et analyses des oeuvres

TOLSTOÏ Léon - Biographie, études et analyses des oeuvres

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1828-1910

Issu d’un famille de la noblesse, Léon Tosltoï naît en 1828 au domaine familial de Iassnaïa Poliana, dans le gouvernement de Toula. Très tôt orphelin de sa mère (1830) puis de son père (1837), il connaîtra, hormis ces deux événements tragiques qui l’amèneront à douter précocement de Dieu et de la justice de la Providence, une enfance tranquille dans une nature opulente au contact des moujiks ; proximité d’où il puisera son amour pour ces gens simples.

Admis à l’université de Kazan (1844-1847), il s’oriente, après s’être intéressé aux langues orientales, vers la diplomatie mais sans parvenir a réussir ces examens. Il regagne alors la propriété familiale dont il est l’héritier et s’investit dans la vie de son domaine en souhaitant améliorer la vie de ses serfs. Mais la méfiance de ces derniers qui ne lui feront jamais confiance sera cause de désillusions (voir La matinée d’un jeune propriétaire). Son journal intime nous révèle qu’à cette époque Tolstoï était déjà en proie aux questions existentielles qui n’auront de cesse de façonner son œuvre et ses actes.

Cet échec, la solitude pesante et le souhait de trouver une vie vraie, active, expliquent sans doute son départ pour l’armée en 1851. Après deux années passées dans le Caucase, l’officier qu’il est devenu est happé par la guerre contre la Turquie. Sa participation à la défense de Sébastopol événement lui inspire alors ses Récits de Sébastopol. En 1855, c’est auréolé du succès de ses premiers écrits (dont sa trilogie autobiographique Enfance, Adolescence, Jeunesse) qu’il est accueilli par le milieu littéraire de St-Petersbourg où il s’installe. Mais vite lassé par cette vie mondaine, il décide d’entreprendre, entre 1857 et 1861, plusieurs voyages en Europe. Ces voyages seront aussi l’occasion pour lui de se renseigner sur les méthodes éducatives occidentales, l’éducation du peuple étant pour lui devenue une question centrale à sa réflexion. De retour en Russie, il publie une revue pédagogique (1862-1863) et fonde dans son village une école où il enseigne lui même. L’effervescence sociale avec l’abolition du servage l’amènera à s’investir d’autant plus dans la vie de son domaine.

En 1862, il épouse Sophie Andréïevnia Behrs. Fidèles l’un a l’autre (ils auront 13 enfants), ce couple connaîtra d’importantes dissensions, Sophie Andréïevnia rencontrant de plus en plus de difficulté à suivre l’évolution morale d’un mari plus accaparé par le peuple que par sa famille. Mais cet amour fut aussi source d’une stabilité propice à l’écriture. La période qui suit son mariage est celle des grandes œuvres (Guerre et Paix, Anna Karénine).

Mais à partir des années 1870-80 Tolstoï voit ressurgir ses problématiques existentielles apaisées un temps par la vie de famille. L’hallucination qu’il eut une nuit dans une auberge d’Arzamas (1869), où, en proie à un vif sentiment d’angoisse, il entendra la mort, est pour Tolstoï l’événement déclencheur. Il entame alors une sorte d'introspection en forme de quête spirituelle l’amenant à se convertir au christianisme en 1879 (voir Ma confession et Ma religion). Sur la fin de sa vie, de plus en plus guidé par une existence simple et spirituelle (abandonne le tabac, l'alcool, la chasse, la viande, prêche l’abstinence, s'habille en paysan, coupe lui-même le bois et confectionne des chaussures), il renonce a une partie des ses biens. Excédé par ses dissensions morales et familiales, il quitte, un soir de 1910 sa propriété. Il meurt 10 jours plus tard d’une congestion pulmonaire dans la gare d’Astapovo

Le succès de Tolstoï s’explique tant par son art que par son message. Il est ainsi cet incomparable peintre des destinées humaines au réalisme sensible. Contrairement à Dostoïevski dont les héros sont sombres et énigmatiques, Tolstoï décrit des hommes normaux, équilibrés, « lisibles », protagonistes épurés des questions qui n’ont jamais cessé de l’obséder. De tendancieux, ses écrits se feront de plus en plus moralisateurs s’inscrivant de fait dans ce réalisme utilitaire de la littérature russe d’alors.
Et c’est dans cette posture de moralisateur, d’apôtre, que Tolstoï est aussi rentré dans la postérité. Sa plume, rarement censurée, fut ainsi considérée comme la voix de la conscience nationale de cette fin de siècle. Tolstoï doit ainsi, en grande partie, son succès a son opposition au pouvoir de l’Etat et à celui de l’Eglise orthodoxe (dont il rejette le mysticisme, la violence et l’apparat) leur préférant la communauté rurale et l’amour fraternel. A cet égard, il peut être considéré comme l’un des penseurs important et influent du mouvement révolutionnaire, sa critique radicale de l'Etat, ses préoccupations envers les masses opprimées, l'importance de ses réalisations pédagogiques, sa recherche de cohérence sur le plan personnel, en faisant un penseur proche de l'anarchisme. Mais il s’agissait pour Tolstoï d’un anarchisme chrétien, cette résistance à l’autorité devant être intérieure et ne pas déboucher sur la colère ou la violence. Le changement passait, pour Tostoï, par un renouvellement moral, non par la révolution. Car Tolstoï est aussi cet apôtre d’une religion différente, d’une religion du bien, non-violente (non résistance au mal) pour laquelle seules les bonnes actions sont à même de donner du sens à la vie.


Source: http://www.litteraturerusse.net/biographie/tolstoi-leon.php

 

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