BERNARDIN de SAINT-PIERRE - Biographie, études et analyses

BERNARDIN de SAINT-PIERRE - Biographie, études et analyses

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Bernardin_st_Pierre (1737-1814)

Principalement connu pour son roman 'Paul et Virginie', Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre est écrivain et botaniste, membre de l'Académie française de 1803 à 1814. Attitré par les contrées lointaines, et inspiré par la lecture de 'Robinson Crusoé', le jeune homme s'enthousiasme à l'idée d'un voyage à la Martinique avec son oncle, capitaine de navire. Refroidi par l'expérience de la mer, c'est finalement en Europe que Bernardin de Saint-Pierre choisit de demeurer. Il voyage alors en Hollande, en Pologne, en Allemagne et en Russie où il mène une vie pauvre et dissolue.
De retour en France, l'aventurier se lance dans l'écriture de ses 'Mémoires' et fréquente la Société des gens de lettres et les salons de Mlle de Lespinasse et de Mme Necker où il rencontre d'Alembert et surtout Jean-Jacques Rousseau. L'auteur des 'Etudes sur la nature' et des 'Voyages à l'île de France' partage avec ce philosophe la même passion pour le monde naturel et s'interroge également sur le rapport entre morale et nature. Parfois considéré comme un précurseur du romantisme, Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre s'impose en tout cas comme un maître du genre pastoral.

Dans l’Arcadie (Angers), sorte de poème en prose , Bernardin décrit la république idéale qu’il rêvait. Dans les Études de la nature (1784), il avait, suivant ses propres paroles , d’abord eu l’idée d’écrire une histoire générale de la nature mais, renonçant à un plan trop vaste, il s’était borné à en rassembler quelques portions. Dans la première partie dirigée contre les athées, dont il fait des partisans du désordre et du hasard, il leur oppose l’ordre et l’harmonie de la nature, où il trouve d’admirables thèmes pour son talent. Vers la dixième étude, il commence plus directement l’ exposition de ses vues et des harmonies telles qu’il les conçoit : le jeu des contrastes, des consonances et des reflets en toutes choses. La dernière partie de l’ouvrage est surtout relative à la société, à ses maux et aux remèdes qu’on y peut apporter. Le mérite et l’ originalité de l’auteur est d’y substituer, d’un bout à l’autre, le sentiment , l’éloquence, le charme des tableaux à la science.

Le talent de peintre de la nature de Bernardin est le plus apparent dans son Paul et Virginie (1787). Chef-d’œuvre de Bernardin, « dont on aurait peine à trouver le pendant dans une autre littérature», présente, sur fond d’un paysage neuf et grand, deux gracieuses créations de figures adolescentes, et peint la passion humaine dans toute sa fleur et dans toute sa flamme. « Presque tout, en a dit Sainte-Beuve, est parfait, simple, décent et touchant, modéré et enchanteur . Les images se fondent dans le récit et en couronnent discrètement chaque portion, sans se dresser avec effort et sans vouloir se faire admirer... Ce qui distingue à jamais cette pastorale gracieuse, c’est qu’elle est vraie, d’une réalité humaine et sensible . Aux grâces et aux jeux de l’enfance ne succède point une adolescence idéale et fabuleuse. Nous sommes dans la passion, et ce charmant petit livre que Fontanes mettait un peu trop banalement entre Télémaque et la Mort d’Abel, je le classerai, moi, entre Daphnis et Chloé et cet immortel quatrième livre en l’honneur de Didon. Un génie tout virgilien y respire. » Le manuscrit de Paul et Virginie, lu dans le salon de Suzanne Necker, devant Buffon, Thomas, etc., n’eut aucun succès mais, à peine imprimé, il fut apprécié à sa juste valeur. Bernardin est, avec moins de passion et plus d’esprit, aussi parfait dans la Chaumière indienne (1790), qui, dans sa grâce et sa fraîcheur, est un paradoxe, une attaque contre la science. Les tableaux offerts par les Harmonies de la nature (1796) portent les traces de toutes les exagérations de la manière de leur auteur, qui ont fait dire à Joubert : « II y a dans le style de Bernardin de Saint-Pierre un prisme qui lasse les yeux. Quand on l’a lu longtemps, on est charmé de voir la verdure et les arbres moins colorés dans la campagne qu’ils ne le sont dans ses écrits. Ses Harmonies nous font aimer les dissonances qu’il bannissait du monde et qu’on y trouve à chaque pas. »

Les autres écrits de Bernardin de Saint-Pierre sont : Vœux d’un solitaire (1789), qui tendent à concilier les principes nouveaux avec les idées anciennes ; Mémoire sur la nécessité de joindre une ménagerie au Jardin national des plantes (1792) ; De la Nature de la morale (1798, in-12) ; Voyage en Silésie (1807) ; la Mort de Socrate, drame, précédé d’un Essai sur les journaux (1808) ; le Café de Surate, conte satirique ; Essai sur J.-J. Rousseau et récits de voyage.


Source: A N I




 

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