D'une famille de magistrats, Paul Scarron naît en 1610 et passe une jeunesse bohème et libertine avant d'embrasser sans grande conviction une carrière ecclésiastique. De 1632 à 1640, il vit au Mans où il devient secrétaire de l'évêque. A partir de 1638, paralysé par une terrible maladie, Paul Scarron est cloué à sa chaise, mais n'en garde pas moins une humeur plaisante. De retour à Paris, il vit de ses écrits et épouse, en 1652, Françoise d'Aubigné, de vingt-cinq ans sa cadette - et future Madame de Maintenon - avec qui il tiendra un salon réputé. |
Scarron joue un rôle décisif dans les destinées du genre burlesque en France. Il s’inspire directement du burlesque des récents auteurs italiens, notamment de Bracciolini, de Tassoni et de Lalli. C’est là qu’il trouve ce goût de la dérision et de la parodie qui, de tradition en Italie, se développe à son aise dans le climat du baroque. Dérision des dieux antiques chez Bracciolini, parodie de l’Énéide chez Lalli.
Les excellents esprits qui applaudissent alors le « burlesque », Guez de Balzac, Saint-Amant, Sarasin, Ménage, auraient été fort étonnés si on leur eût soutenu qu’il est synonyme de grossièreté. C’est plus tard, à l’époque de la Fronde, que le burlesque se corrompit. Scarron est le premier à manifester sa réprobation ; il fait alors appel aux « bons esprits » pour mettre un terme à cette mode en laquelle il voit un fléau et abjure ce style « qui avait gâté tout le monde ».
L’ouvrage le plus célèbre de Scarron reste sans doute le roman burlesque intitulé Le Roman comique dont la première partie parut en 1651 et la deuxième en 1657. Une troisième partie aurait dû s’y ajouter ; Scarron meurt avant de l’avoir écrite.
Il y dépeint avec vérité, d’une manière savoureuse les moeurs des bourgeois et du menu peuple de la province, la vie et les amours de comédiens itinérants, qui vont de village en village dans la province française, et de nombreuses autres histoires, burlesques ou galantes, qui viennent s’insérer au coeur du récit principal. La plume de Scarron laisse certes deviner ses intentions parodiques, mais il est indéniable que le narrateur prend plaisir à relater les amours de ses personnages. Il mêle la bouffonnerie la plus truculente au romanesque le plus raffiné. Le Roman comique tourne notamment en ridicule les vieilles épopées et les romans chevaleresques en parodiant leur style pour relater des disputes triviales et bouffonnes. Cet art des contrastes, la désinvolte liberté d’allure de ce roman en font une oeuvre très représentative de la littérature baroque.