SAINT-JOHN PERSE: Biographie et analyses des oeuvres

SAINT-JOHN PERSE: Biographie et analyses des oeuvres

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Perse De son vrai nom Alexis Leger, le poète Saint-John Perse naît en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, le 31 mai 1887.
Par son ascendance maternelle, il est issu d'une riche famille de Blancs créoles implantée aux Antilles de très longue date, alors que son père est d'une famille de juristes installée en Guadeloupe depuis 1815. Après une enfance idyllique, passée dans un cadre protégé et une nature luxuriante, le jeune créole vit en 1899 l'événement qui marquera à jamais sa psyché de créateur : le départ de toute sa famille vers la France, tournant ressenti fondamentalement comme un exil.
En métropole, les Leger s'installent à Pau, où Alexis, lycéen brillant, s'adapte progressivement à son nouveau cadre de vie. Après avoir obtenu son baccalauréat en 1904, il débute à Bordeaux des études de Droit, tout en suivant également des cours de médecine, de Lettres, de philosophie; ces années d'apprentissage sont caractérisées pour cet étudiant éclectique par une intense vie intellectuelle.

Première publication dans la NRF en 1909, avec Images à Crusoé, variation poétique et évocation de la figure essentielle de l'exilé, autour du mythe littéraire fondé par Defoe. Éloges, premier recueil proprement dit est publié en 1911 sous le nom de Saintléger Léger, frappant les esprits par l'originalité du ton. Il réussit le concours d'entrée au Ministère des Affaires étrangères en 1914, et y commence une carrière administrative puis réellement diplomatique à partir de 1916, année où il est nommé secrétaire d'ambassade à la Légation de France à Pékin. Il restera en Chine jusqu'en 1921, occupant divers postes consulaires et menant surtout au cours de ce séjour un important cheminement intellectuel et philosophique au contact des spiritualités asiatiques. C'est en 1924 qu'est publiée sous le pseudonyme de Saint-John Perse l'une des moissons les plus substantielles de cette période et l'un des sommets de l'œuvre, Anabase, qui sera traduit plus tard par T.S. Eliot, Walter Benjamin, Rilke ou encore Ungaretti.

Entre 1925 et 1932, la carrière du diplomate s'affirme un peu plus, puisque Leger devient le bras droit d'Aristide Briand, forgeant avec lui une politique d'apaisement des relations internationales, par la signature de toute une série de pactes et d'alliances, dont le fameux pacte Briand-Kellog, en avril 1928. À partir de 1933, en tant que secrétaire général du Ministère des Affaires étrangères, Leger influence la politique extérieure de la France, dans la continuité de la ligne de Briand, ce qui le place en porte-à-faux des atermoiements funestes qui conduisent le gouvernement français à ratifier les accords de Munich en 1938. C'est cette position difficile qui aboutit à sa mise en disponibilité en 1940, où il choisit de s'exiler aux États-Unis. Ni vichyssois, ni gaulliste, il refuse de rejoindre les instances dirigeantes de la France Libre, et après une difficile transition, devient conseiller littéraire à la Bibliothèque du Congrès à Washington, sous la protection du très influent Archibald MacLeisch. Il se consacre alors plus librement à son œuvre poétique et cette période américaine sera d'ailleurs prolifique: Exil (1941), Poème à l'Étrangère (1942), Pluies (1943), Neiges (1944), Vents (1946), puis Amers, son plus long recueil, qui ne sera publié en volume qu'en 1957. C'est à la faveur de l'entremise de certains admirateurs et mécènes américains qu'il décide finalement de rentrer en France en 1957, alors qu'une splendide villa lui est offerte dans le Var, sur la presqu'île de Giens. Il séjournera pendant plusieurs années alternativement en France et aux États-Unis, ayant épousé une américaine en 1958, Dorothy Milburn Russel.

Son œuvre connaît alors une audience internationale croissante, qui débouche sur l'attribution du Prix Nobel de Littérature en 1960. Le poète poursuit dans les années suivantes l'édification de cette poésie exigeante (Chronique en 1960, Oiseaux en 1962 – rédigé dans le compagnonnage artistique du peintre Georges Braque –, puis les poèmes marquants d'un recueil demeuré inachevé), vivant sa poésie sur toutes les latitudes du globe qu'il parcourt avec avidité, en navigateur infatigable. Pendant une dizaine d'années, Perse s'attèle par la suite à son «œuvre» ultime, qui est aussi la construction de sa propre légende: avec l'accord des Éditions Gallimard, il agence seul le volume de ses Œuvres complètes dans la prestigieuse collection de la Pléiade; l'ouvrage paraît en 1972 et ne cessera d'impressionner les lecteurs par son mystère et son autorité. Saint-John Perse s'éteint le 20 septembre 1975 à l'âge de quatre-vingt huit ans à Giens, où il est enterré.

– Loïc Céry

Source: http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/perse.html




 

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